L'expression "harcèlement sexuel" est écoutée, parfois comprise, et souvent entendue comme « une demande explicite de relation sexuelle contre un service, une promotion professionnelle, voire un recrutement ». Cette définition est juste, mais restrictive. Elle concerne le harcèlement au travail mais le harcèlement sexuel couvre une réalité beaucoup plus étendue. Qu'en est‐il du harcèlement que vivent les femmes, particulièrement les jeunes, dans la rue, tous les jours ? Comment se manifeste-t-il ?
- Attouchements délibérés, contacts physiques imposés par un rapprochement inapproprié (parler à l'oreille, se pencher au‐dessus d'une femme, poser le bras autour de ses épaules, lui toucher le visage, les cheveux,...) - Regards indésirables à connotation sexuelle (insistance sur les détails du corps). - Remarques sexuelles non désirées, blagues, remarques incommodantes. - Surnoms malvenus : chérie, poupée, ma belle, papicha... - Commentaires et allusions à caractère sexuel. - Commentaires sexuels sur les vêtements de la femme, son anatomie, ou son apparence - Etreintes, caresses, baisers imposés - Se rapprocher de la femme de sorte à la frôler de tout son corps, la dominer physiquement. - Expressions du visage : clins d'œil, envoi de baisers, léchage suggestif des lèvres. - Gestes sexuels avec les mains ou par les mouvements du corps, etc.
La drague, expression machiste de la domination masculine
Beaucoup de jeunes ou moins jeunes hommes qui squattent les rues ou y déambulent, tant dans les grandes villes que dans les petits villages, se sentent les habitants légitimes de ces espaces. Lorsqu'une femme passe devant eux, elle est considérée comme une intruse à remettre à sa place. Entendons‐nous, sa place de femelle. Car ces messieurs, toutes positions sociales et tous âges confondus, deviennent des prédateurs dès lors qu'ils se retrouvent entre eux, entre mâles !Cette prédation est "socialement acceptée" avec la bénédiction explicite des prêcheurs de bonne morale. Les femmes n'ont qu'à se voiler ou n'ont qu'à rester chez elles, pour ne pas exciter ces mâles ! Il n'est pas rare qu'une femme indisposée par des propos malvenus et qui y réagit se trouve agressée davantage jusqu'au passage à l'acte violent.
Harcèlement dans les transports en commun, y compris le transport universitaire
Le film égyptien Les femmes du bus 678, de Mohamed Diab, aurait pu être tourné à Alger ou dans une autre grande ville de notre pays tant les faits qui y sont exposés sont identiques. Des pervers choisissent les heures de pointe pour exercer leur sport préféré : se coller aux femmes et se masturber ouvertement, dans le "refus de voir" de tous. La femme victime qui se retrouve coincée dans un coin du bus ou au milieu ne peut réagir autrement qu'en essayant de se frayer un chemin vers une porte de sortie. C'est elle qui subit l'agression et c'est elle qui en porte la honte. Quelque part, il y a encore cette idée de "l'avoir cherché" qui la condamne, elle en tant que femme ou plutôt en tant que femelle qui s'expose dans le territoire des mâles. Réseau Wassila/Avife