A travers le sort de ce jeune communiste, assassiné par les paras français pendant la guerre d'Algérie, le président continue le travail de repentance de la France à l'égard de son ancienne colonie. C'est peut-être l'étape la plus symbolique de sa visite à Alger. Au cours de son voyage officiel en Algérie, mercredi et jeudi, François Hollande s'est recueilli sur la place Maurice-Audin. Un acte fort, dans le sens de la réconciliation. Car le tabou sur les circonstances de la mort de ce jeune assistant de maths à l'Université d'Alger, il y a 55 ans, participe de ce passé qui ne passe pas entre la France et son ancienne colonie. C'était le 11 juin 1957. Maurice Audin, 25 ans et déjà père de 3 enfants, est arrêté dans la soirée à son domicile d'Alger. En pleine guerre d'indépendance, ce sont les parachutistes français qui viennent l'interpeller. Membre du parti communiste algérien (PCA), Maurice Audin milite en effet contre le colonialisme, et donc en faveur de l'indépendance de l'Algérie. C'est la dernière fois que son épouse, Josette, le voit. Le 1er juillet, le commandant militaire du secteur d'Alger-Sahel lui annonce que son mari s'est évadé en sautant de la Jeep qui l'emmenait en interrogatoire. Un point c'est tout. On sait aujourd'hui que ces arrestations des paras français, en pleine bataille d'Alger, se soldaient par tortures et exécutions sommaires. Pour Maurice Audin, c'est la conclusion d'une enquête menée par l'historien Pierre Vidal-Naquet. Aujourd'hui octogénaire, Josette Audin n'a jamais cessé de se battre pour connaître les véritables circonstances de la disparition de son mari. Et elle s'apprête peut-être enfin à voir le bout de son combat. Dans une lettre qu'il lui a adressée avant son envol pour Alger, François Hollande lui a garanti une entrevue avec le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, « afin de vous remettre en mains propres l'ensemble des archives et documents en sa possession sur la disparition de votre mari ». En attendant, il continue son travail de reconnaissance des crimes français pendant la guerre d'Algérie, qui continuent de peser, un demi-siècle plus tard, sur les relations entre les deux pays. Le 17 octobre dernier, François Hollande avait déjà reconnu la « sanglante répression » par les forces de l'ordre d'une manifestation pacifique d'Algériens à Paris, le 17 octobre 1961.