« Le fonctionnaire d'Algérie-Poste est en ignorance totale de ce qui se passe à Alger concernant l'état financier de son entreprise. Les responsables au niveau de la capitale disent que l'entreprise est déficitaire. Or, nous n'avons jamais eu de bilan, nous n'avons jamais eu une situation financière en fin d'année pour savoir où on en est. Si on est déficitaire, on accepte. Mais faut-il d'abord nous en informer. Car pour notre part, on voit que les dépenses vont à gauche et à droite...», crie son désarroi un gréviste à Mostaganem. La Grande Poste de Mostaganem a été hier matin carrément fermée devant le déferlement d'usagers tarabustés, à l'issue de l'action des travailleurs d'Algérie-Poste qui confirment en ralliant la grève nationale, la détérioration de plus bel du bras de fer avec la tutelle quand bien même les déclarations du directeur général ont fait état la même matinée sur les ondes de la chaine Une, de « choses qui vont rentrer dans l'ordre ». « Nous réclamons nos droits depuis 2003 », « Ni syndicat ni tutelle, nous sommes là jusqu'au bout », ou « 10 ans ça suffit, y en a marre », tels étaient les proclamations sur pancartes apposées hier à l'entrée de la Grande Poste en plein centre- ville de Mostaganem, dans une ambiance qui ne voulait aucunement de la présence du syndicat. « Monsieur, ce n'est pas l'affaire du syndicat mais des travailleurs », lorsqu'un autre gréviste prend la coupe : « c'est une journée de protestation de la part des fonctionnaires d'Algérie-Poste de la Wilaya de Mostaganem. Et c'est toute la wilaya qui est concernée. Vous pouvez y aller et voir. La majorité des bureaux de poste sont en arrêt de travail ». « Non c'est la totalité y compris pour ceux des environs d'après les informations qui nous sont parvenues ces dernières 48 heures », réplique un autre cadre présent sur le lieu du sit-in. Et à la question d'avoir une idée sur la durée de ce débrayage, les grévistes ajoutent : « jusqu'à la satisfaction de toutes nos revendications ».
« Nous n'avons rien vu hormis de mensongères promesses » Et pour expliquer autour de quoi gravitent leurs revendications, notre interlocuteur ajoute : « Algérie Poste a été créée exactement en 2003 avec une convention collective telle que publiée sur le J.O. Or, de ce jour-là, nous n'avons rien vu hormis de mensongères promesses. Ainsi nous demandons aujourd'hui et d'abord, l'augmentation des grades. Il y a des fonctionnaires qui ont plus de 30 ans de service mais qui sont gelés sur leur position sans aucune promotion ni augmentation, pas même une promesse. Concernant la prime de risque, concernant les convoyeurs de fonds et les chauffeurs, concernant la fourniture de matériels et moyens pour le bon fonctionnement du service, concernant l'augmentation de salaire avec effet rétroactif depuis janvier 2008, chose qui est sur le J.O de juillet 2011 signé par Ouyahia, page 25 et 26..., etc. Il y a des fonds qui sont acheminés dans des véhicules vétustes. Imaginez un convoyeur qui transporte des millions dans un véhicule n'ayant même pas de roue de secours » ! Autre chose à ajouter ? « Oui. Le fonctionnaire d'Algérie-Poste est en ignorance totale de ce qui se passe à Alger concernant l'état financier de son entreprise. Les responsables au niveau de la capitale disent que l'entreprise est déficitaire. Or, nous n'avons jamais eu de bilan, nous n'avons jamais eu une situation financière en fin d'année pour savoir où on en est. Si on est déficitaire, on accepte. Mais faut-il d'abord nous en informer. Car pour notre part, on voit que les dépenses vont à gauche et à droite. Et dire qu'au travailleur l'on demande qu'il fasse son travail sinon il sera sanctionné. Eh bien non ! Pour que le travailleur fasse son boulot, tu dois le satisfaire. C'est aussi pourquoi on proteste jusqu'à satisfaction de nos revendications, quitte à aller jusqu'au bout ».