Montesquieu remarquait qu'un homme qui a du pouvoir désire naturellement en avoir plus et en abuse. Un Anglais renchérit : le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument ! Est-ce sans issue ? Effectivement, il y de quoi se poser la question. La corruption par définition étant la perversion ou le détournement d'un processus entre une ou plusieurs personnes dont le dessein pour le corrupteur, est d'obtenir des avantages et pour le corrompu, une rétribution en échange de sa bienveillance. La corruption conduit généralement à l'enrichissement personnel du corrompu. Elle peut concerner bien entendu toute personne bénéficiant d'un pouvoir de décision, de la personnalité politique au plus petit des fonctionnaires, notamment dans un pays comme le nôtre, où le pouvoir de la corruption s'étend de la plus haute sphère politique jusqu'au dernier maillon de la chaîne. Il a gangréné l'ensemble des institutions, même celles dont on imagine mal l'infiltration de ce phénomène. La politique de lutte menée par l'état en ce sens reste très insuffisante, la littérature théorique sur la lutte contre la corruption est peut-être présente et abondante même, mais la pratique reste difficile, l'efficacité des réformes globales apparaît limitée et trouve devant elle un rempart bloquant ainsi toute tentative d'améliorer les choses. Ceci nous renseigne, on ne peut plus clair sur les difficultés rencontrées pour mener à bien ces réformes. C'est dans ce contexte justement que la notion de Système National d'Intégrité (SNI), développée par la banque mondiale et l'ONG Transparency International, demeure à notre sens une voie fiable dans la mesure où elle fournit un cadre théorique général pour penser les stratégies de lutte contre la corruption. Le Système National d'Intégrité fonctionnerait comme un système immunitaire contre la corruption par le renforcement des institutions de contrôle, l'intolérance de la population à l'égard de la corruption, sa participation à la vie publique, l'amélioration du système judiciaire, la participation des médias et du secteur privé. Mais ceci ne pourrait suffire sans la volonté politique des responsables, car à ce jour les résultats des actions entreprises par le gouvernement semblent pour le moment mitigés. L'objectif est d'apporter une réflexion sur la pertinence des outils utilisés et de manière générale sur l'approche développée à l'aide de la notion SNI à partir de l'analyse de l'expérience acquise sur le terrain, celle du contexte dans lequel s'inscrit l'action gouvernementale et l'engagement des dirigeants politiques. Une telle prise en compte de la dimension politique et sociale des phénomènes de corruption, permettra de reconsidérer la question de la lutte contre la corruption dans notre pays qui demeure la proie de ce cinquième pouvoir.