Comme la loi qui interdit d'user de la religion pour faire de la politique, il devrait en exister qui interdit d'user de la religion pour fabriquer des inconscients. La religion dans ce pays ne souffre pas, en effet, seulement de la politisation calculée, elle souffre aussi de populisme, de dégradation et de basculement dans les misères de la raison : on parle aujourd'hui sans complexe de nouvelle clinique anti-Djinns à Relizane, avec le Cheikh Belahmar et de doctorat en Rokia dite hallal après quelques milliers de milliards dépensés en médecine gratuite et en éducation. Et le pire est que cette sous-culture s'autonomise avec le temps, loin des élites intellectuelles arabophones ou francophones : cette religion du peuple a déjà ses fidèles, ses imams, ses livres mal imprimés, ses pages Facebook et ses défenseurs et ses fast- fatwa et ses langues et ne rend compte à personne de ses énormités subventionnées par l'Etat. Il ne sert à rien de parler de modernisation, réformes et tolérances quand, chaque fin de semaine, on offre ce peuple à des fonctionnaires mal formés, imprudents et capables de raconter les pires superstitions. La facture est lourde, on n'ira pas sur la lune avec des imams sous-cultivés. Avec l'invraisemblable sous-culture des imams algériens et leurs ouailles ensommeillées, on pourrait songer à écrire un livre pour parler de cette sous-culture, bas de gamme, largement autonomisée par rapport aux autres institutions.