Face au sacrifice des espaces verts et autres lieux de détente, qui ne cessent de subir des actes de dégradation, est venu s'ajouter celui des trottoirs. Ces espaces réservés naturellement aux piétons de part et d'autre de la chaussée sont souvent transformés en bazars pour le commerce informel ou en parkings pour toutes sortes de véhicules. Les marginaux, toutes couches confondues (malades mentaux, mendiants, SDF), y trouvent également refuge. Les trottoirs comportent généralement deux niveaux. Le premier, propriété du commerçant, est construit au gré de ses moyens et de ses besoins. Il est surélevé ou en pente, avec ou sans marche, cimenté ou faïencé. De toutes les façons, il n'est plus approprié à la circulation des piétons. C'est, en fait, une extension du magasin. On y entrepose toutes sortes de marchandises, des fruits et légumes, en passant par les pièces de rechange, les vêtements et autres. La deuxième portion du trottoir est souvent au même niveau que la chaussée. Défoncé, jonché de détritus, même quand il est fraîchement retapé, il comporte bizarrement toujours des trous et des bosses. Malgré son piteux état, cet espace, ô combien étroit, n'appartient pas non plus aux piétons. C'est, en fait, une aire de stationnement pour la voiture du commerçant et, quand c'est possible, on y stationne aussi la camionnette de distribution. Les trottoirs, qui sont normalement construits pour qu'ils soient utilisés par les piétons, n'ont plus cette vocation au niveau de certaines villes de Chlef. Toutes sortes de produits sont étalées sur les trottoirs. Des caisses de fruits et légumes, des congélateurs pour glaces et des vêtements. Au point que quelques particuliers n'ont pas hésité à exposer leurs marchandises carrément sur la chaussée. L'installation de ces divers obstacles constitue un véritable danger pour les piétons et dénature aussi l'aspect du paysage de la ville. Les piétons sont forcés d'emprunter la chaussée en mettant leur vie en danger. A cette occupation illicite s'ajoute l'encombrement créé par le stationnement anarchique des voitures dans la rue. Cette situation désespérante à laquelle se livrent au quotidien les habitants de ces lieux est des plus désolantes. « Je me demande pourquoi les autorités locales n'ont pas agi pour mettre un peu d'ordre et verbaliser les récalcitrants », dit un habitant de Chlef. « Les responsables concernés à tous les niveaux doivent agir strictement en verbalisant les défaillants contre leur occupation illégale des espaces naturellement et exclusivement réservés aux piétons », ajoute-t-il. Alors que l'automobiliste est sous la menace, au chef-lieu de wilaya, des sabots des services de la voie publique pour le moindre défaut de stationnement sur les trottoirs, les commerçants de l'informel et des fruits et légumes ont accaparé ces mêmes trottoirs et s'adonnent à leur activité sans être inquiétés. Poubelles non ramassées dans de nombreux quartiers, odeurs nauséabondes, d'égouts manquant d'entretien, des conduites d'eaux dégradées laissant couler des quantités d'eaux à l'air libre.