La décision du président Barack Obama de frapper les positions des djihadistes de l'Etat islamique (EI) en Syrie pourrait avoir des conséquences désastreuses, car ces frappes pourraient être suivies d'une attaque contre les troupes fidèles au régime de Bachar el-Assad, estime Leonid Issaïev, professeur de sciences politiques au Haut collège d'économie de Moscou. "On sait que les Américains sont passés maîtres en matière de provocations. Ils pourraient commencer par bombarder les régions syriennes occupées par les troupes de l'EI pour frapper ensuite les villes défendues par l'armée d'Assad. Il s'agit là d'un signal dangereux. Un tel comportement ne ferait qu'élargir les territoires contrôlés par l'EI", a déclaré l'expert à RIA Novosti. Fin août, le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a fait savoir que Damas était prêt à coordonner sa lutte contre les djihadistes avec la communauté internationale, y compris avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Cependant, a précisé M. Mouallem, toute opération militaire internationale menée sur le territoire syrien doit être approuvée par Damas. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad a pour sa part indiqué que toute action américaine unilatérale contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI) sur le territoire syrien serait considérée comme une agression contre l'intégrité de la Syrie si cette action dépassait le cadre de la résolution 2170 du Conseil de sécurité de l'Onu. La politique pratiquée par Obama au Proche-Orient manque de cohérence
"La politique extérieure de Washington manque totalement de logique depuis l'arrivée d'Obama à la présidence", a affirmé l'expert. A titre d'exemple, il a cité l'Irak, dont les Etats-Unis ont retiré leurs troupes avant de reprendre les bombardements dès que la situation dans ce pays s'est dégradée. Il en est de même de l'Afghanistan: les troupes américaines quittent ce pays, ce qui provoque une escalade de la tension. Cette escalade pourrait un jour pousser Washington à reprendre les frappes sur l'Afghanistan. Le seul moyen de combattre les djihadistes serait de mettre en place une large coalition régionale réunissant les principaux pays du Proche-Orient. "Le seul moyen est de tenter de former une vaste coalition au Proche-Orient. Or, les acteurs présents dans la région ont fait tout leur possible pour que cette coalition ne se forme pas", a constaté M. Issaïev, ajoutant que cette situation profitait aux djihadistes de l'EI.