La une du dernier Charlie Hebdo fait réagir au Niger. Des manifestations à Zinder, la deuxième ville du pays, ont fait quatre morts et quarante-cinq blessés, annonce le ministre de l'Intérieur nigérien, vendredi 16 janvier. Parmi les quatre victimes figurent trois civils et un gendarme, a déclaré Massaoudou Hassoumi.Vingt-deux agents des forces de l'ordre ont été blessés, ainsi que 23 manifestants, a-t-il détaillé sur les ondes de la radio nationale. Le Centre culturel franco-nigérien (CCFN) de Zinder a été incendié par des manifestants, a annoncé son directeur. Selon lui, une cinquantaine de personnes ont "cassé la porte" d'entrée, puis "mis le feu" à la cafétéria, à la médiathèque et à des locaux administratifs du CCF, malgré des "tirs de sommation" de "deux policiers" présents pour protéger le complexe. Juste après la prière de vendredi, "une marée humaine a déversé sa colère dans les rues de Zinder pour protester contre la caricature du prophète Mahomet", a raconté Amadou Mamane, journaliste indépendant à Zinder. Des SMS circulaient depuis la veille pour manifester à la sortie des mosquées. Le même mot d'ordre, transmis pendant les offices religieux, a été suivi par des milliers de personnes, selon une source officielle. Les manifestants, "essentiellement des jeunes, dont certains circulaient à moto en agitant de petits drapeaux blancs", la couleur de l'islam, se sont précipités sur le CCFN. Le centre culturel n'est pas le seul établissement à avoir été visé. Trois églises, une catholique et deux protestantes évangéliques, ont été saccagées, selon les autorités de Zinder, ville située dans le sud, non loin de la frontière avec le Nigeria. D'après une source administrative, le siège d'un parti au pouvoir a également été incendié, ainsi que plusieurs bars et débits de boissons. "Le centre-ville de Zinder est méconnaissable. Au cri de Allahou Akbar (Allah est le plus grand), les manifestants en très grand nombre ont brûlé des pneus partout", a témoigné un commerçant joint au téléphone.