Pour faire face à la chute des prix du pétrole, les professeurs Raouf Boucekkine et Nour Meddahi ont proposé des mesures comme l'augmentation de la TVA sur les produits importés non essentiels et la limitation du recours au Fonds de régulation des recettes "à 10 milliards de dollars pour l'année 2015 et à 6 milliards de dollars par année à partir de 2016". Dans un document qu'ils ont fait parvenir à Maghreb Emergent, les professeurs Raouf Boucekkine, de l'Aix-Marseille School of Economics, et Nour Meddahi, du Toulouse School of Economics, proposent au gouvernement une série de mesures "à court terme" pour atténuer l'effet de la chute des cours pétroliers estimée depuis juin dernier à quelque 50%. Ces mesures, écrivent les deux professeurs, s'articulent autour de quatre axes : la politique budgétaire, la politique de taux de change de la Banque centrale, la rationalisation des importations et, enfin, l'épargne. En matière de politique budgétaire, les auteurs du document proposent "l'augmentation, de manière progressive mais substantielle", du prix de l'essence afin de "supprimer sa subvention inéquitable" et "réduire la consommation énergétique et le gaspillage ". Ils proposent également la réduction puis la suppression pure et simple de la subvention du sucre. Dans le but de réduire le recours inconsidéré aux ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR), ils proposent limiter ce recours à 10 milliards de dollars pour 2015 et à 6 milliards par année à partir de 2016. Dans le but de rendre plus efficiente la politique de taux de change de la Banque d'Algérie, il est notamment proposé, dans le document signé par les professeurs Raouf Boucekkine et Nour Meddahi, de "fixer la valeur du dinar au niveau de sa valeur d'équilibre ou en dessous". Ils précisent : "Nous recommandons une baisse d'au moins 10% pour protéger la production et l'épargne nationales sachant que les tensions inflationnistes sont encore soutenables (2,6% en novembre 2014). "Des mesures sont suggérées afin de rationaliser les importations qui ont connu, ces dernières années, une explosion sans précédent. Elles tournent autour de deux axes. Le premier est l'établissement de contingentements tarifaires à même de préserver les réserves de change et "protéger la production nationale". Le second est la différenciation de la TVA sur des produits importés, autrement dit l'augmentation de son taux "sur les produits de luxe ou inessentiels à l'économie nationale et à la société", le but étant de protéger la production locale de la concurrence et de ralentir la consommation énergétique. Dans le domaine de l'épargne, enfin, les deux économistes suggèrent une série de mesures notamment la non-fixation d'un montant maximal pour les premières tranches des programmes de logements en cours (AADL, LPP, LPA), le "maintien des montants minimaux" et l'"indexation à l'inflation les tranches ultérieures". Ils suggèrent aussi, dans le but d'encourager l'épargne, l'augmentation des taux de rémunération des dépôts à vue à une année afin qu'il soit "légèrement supérieur à l'inflation anticipée sur une année".