Israël et l'Arabie Saoudite, unis face à la menace d'un Iran nucléaire, les deux pays que tout oppose se sont rencontrés à cinq reprises depuis 2014 pour contrecarrer Téhéran. Leurs craintes communes d'un Iran nucléaire auraient rendu ces échanges possibles, selon le ministre Israëlien, Liberman, une information qui a été révélée par le journal israélien, Yediot Ahronot. Israël tente d'établir des liens diplomatiques avec des pays arabes modérés ne reconnaissant pas l'Etat hébreu, sur la base de leurs craintes communes d'un Iran nucléaire, a confié le ministre israélien des Affaires étrangères dans une interview publiée lundi dans le même quotidien. Ainsi, la crainte d'un Iran nucléaire peut-elle pousser deux pays que tout oppose - Israël et l'Arabie Saoudite - à entamer un improbable rapprochement ? D'un côté, l'Etat hébreu, une ‘'démocratie'' ultra-militarisée non reconnue par la majorité des pays arabes en raison du conflit qui l'oppose aux Palestiniens. De l'autre, une pétromonarchie absolue fondée sur l'Islam wahhabite, une idéologie ultra-rigoriste qui a inspiré des groupes djihadistes tels que l'organisation Etat Islamique (EI). Mais ces deux Etats aux antipodes l'un de l'autre demeurent sous la protection d'un même allié inconditionnel : les Etats-Unis, qui les soutiennent pour des raisons idéologiques et stratégiques (Israël), ou économiques (alliance pétrole contre sécurité avec l'Arabie Saoudite). Mais ce jeu d'alliances est aujourd'hui remis en cause par le rapprochement lancé entre Washington et Téhéran depuis 2013 à la faveur des négociations sur le nucléaire iranien. Ce qui inquiète au plus haut point Tel-Aviv et Riyad. Israël et l'Arabie Saoudite, ont entamé depuis 2014 des discussions secrètes. À cinq reprises, des représentants des deux pays se sont rencontrés en Inde, en Italie et en République Tchèque pour évoquer les moyens de contrer l'influence de l'Iran dans la région. Le secret a été levé le jeudi 4 juin dernier à Washington par l'ancien général Saoudien Anwar Majed Eshki et l'ex-ambassadeur israélien à l'ONU Dore Gold, désormais nouveau directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères. « Il est vrai qu'aucun des deux n'est un responsable officiel », admet Elliot Abrams, chercheur au Council on Foreign Relations - un think tank américain -, qui a présidé la séance. « Mais tous deux ont eu une longue carrière publique. Ils n'auraient pas participé à ces discussions et ne les auraient pas officialisées sans l'accord de leur gouvernement. » L'annonce est en effet historique, les deux pays n'ayant jamais entretenu de relations diplomatiques. En 2002 pourtant, Riyad avait tendu la main à Israël, lui proposant la normalisation de ses relations avec l'ensemble des pays arabes en échange de la reconnaissance d'un Etat palestinien et du démantèlement de toutes les colonies israéliennes en Territoires palestiniens (illégales selon le droit international). Or, l'initiative saoudienne, était restée lettre morte.