Depuis quelques jours, les médias occidentaux sérieux (pas ceux qui obéissent à la « voix de leur maître » en soutenant la « Purple Revolution » comme Libération) donnent raison à mes analyses. Ce jour Le Vif-l'Express (l'édition belge de l'hebdo parisien) titre sur « Trump. Les généraux au pouvoir » : « Fasciné par les hommes d'action, Donald Trump s'entoure d'un trio de hauts gradés plus habitués aux champs de bataille qu'aux finesses politiques. Un mélange détonant, qui pourrait annoncer des surprises ». Ces hommes qui forment le noyau dur du nouveau régime Trump et dont je vous parle depuis novembre 2016, issu du « club de 120 généraux et amiraux » (le cœur précisément de l'Establishment militaire) qui ont porté sa candidature ! QUI SONT-ILS ? « Voici les généraux (à la retraite) des marines James Mattis et John F. Kelly désignés le premier à la tête du Pentagone, le deuxième aux commandes du Department of Homeland Security (ministère de la Sécurité intérieure). Quant au lieutenant général Michael T. Flynn, issu des rangs de l'US Army, il est propulsé au poste hautement stratégique de conseiller à la sécurité nationale auprès du président. Sans oublier deux autres nouveaux arrivants à la Maison-Blanche : le sulfureux et droitier Steve Bannon, qui a servi dans les années 1980 dans l'US Navy, et Keith Kellogg, un vétéran du Vietnam désormais sous les ordres de Flynn. Bref, l'entourage de Trump ne manque pas de testostérone. Or, chacun de ces hommes exprime des priorités différentes. Flynn pense à Daech du matin au soir, mais Kelly estime que la principale menace vient des organisations criminelles d'Amérique centrale, susceptibles, selon lui, de faire un jour la " jonction " avec le terrorisme islamiste », analyse encore l'hebdo bruxellois. Qui sur cette dernière info, ne semble pas savoir que ce scénario est directement tiré d'un roman « géopolitique » de Tom Clancy, notre général ayant sans doute pris cette uchronie à suspense pour argent comptant ... QUI EST LEUR BOSS « MAD DOG » MATTIS ? Anti-arabe et islamophobe obsessionnel, « d'un point de vue stratégique, Mattis (4) préconise la plus grande fermeté à l'égard de l'Iran. Il était dans un tel désaccord avec l'administration Obama, obstinée à conclure un accord nucléaire avec Téhéran, qu'il a opté pour la retraite en 2013 ». « Surnommé " Mad Dog " (Chien fou) en dépit d'un caractère pondéré, James Mattis est l'homme qui, parmi tant de faits d'armes, est entré dans Bagdad à la tête de la 1re division des marines en 2003 avant de remporter les deux batailles de Falloujah. Célèbre pour ses aphorismes (" Soyez polis, soyez professionnels, mais soyez prêts à descendre tout le monde " ; " Utilisez votre cerveau avant votre arme " ; " Au fond, c'est chouette de buter des mecs qui tabassent leur femme parce qu'elles refusent le voile ") ». Et partisan de la tristement fameuse « Doctrine de la guerre révolutionnaire » (en fait contre-révolutionnaire) des colonels français d'Indochine et d'Algérie, qui a dirigé les guerres d'Algérie (1956-1962) et du Cameroun (1958-1967) (5) dans des impasses sanglantes. La « géopolitique de l'émotion » a conduit à l'annonce de « tournants géopolitiques » fantasmés, annonçant « une alliance Poutine-Trump » ou « la dissolution de l'OTAN. C'est oublier que la Géopolitique américaine, comme celle de la confrontation Russie-USA, reposent sur des fondamentaux. Relire le livre « The next hundreds years » de Georges Friedman, le patron de Stratfor (où on trouve de nombreuses thématiques reprises par Trump, notamment la théorie du « remplacement de population » qui explique le tropisme anti-lations et anti-mexicain du nouveau président). On reste là dans les fondamentaux de la Géopolitique américaine, cette géopolitique « vue des USA », celle de Brzezinski, qui s'exprime dans les analyses du Think Tank Stratfor. Et plus encore celle du mentor du géopoliticien américano-polonais Kissinger. Car si Söros et Brzezinski étaient en embuscade dès la campagne d'Obama en 2008, c'est bien le vieux Kissinger qui est derrière Trump. Et notamment son équipe de généraux et d'amiraux revenus aux affaires à Washington. Et précisément cette semaine, le très influent Think Tank STRATFOR, proche du lobby militaro industriel, publie une analyse prévisionnelle qui dit, comme moi, que l'amitié Trump-Poutine est une impossibilité pour la Géopolitique américaine sous le titre explicite « La stratégie de Washington du ‘Containment' de la Guerre froide est bien vivante et plus encore » QUE DIT STRATFOR ? « Avec le changement de direction viendront des ajustements aux relations de Washington avec d'autres pays - peut-être surtout la Russie. Au cours de sa campagne, Trump a souligné la nécessité d'une plus grande coopération avec la Russie dans le conflit syrien. La rhétorique de la campagne ne correspond pas toujours à l'action prise une fois au pouvoir, surtout quand il s'agit de politiques enracinées dans les réalités géopolitiques. L'influence de Trump ne peut aller que jusqu'à maintenant dans la direction du navire de l'état moscovite (...) Il y a un nouveau président américain, mais la politique de Washington de ‘containment' de la Russie est encore très puissante. » Stratfor ajoute que « L'un des plus grands impératifs géopolitiques des Etats-Unis est d'empêcher la montée des hégémonies régionales ayant la capacité de la défier. La domination historique de la Russie sur l'Eurasie, la montée de l'Union Soviétique en tant que superpuissance après la Seconde Guerre mondiale et sa rivalité politique, économique et militaire avec les Etats-Unis ont longtemps fait l'objet des actions de Washington à l'étranger. Mais le déclenchement de la guerre froide et l'expansion du pouvoir soviétique - elle-même une conséquence des impératifs stratégiques de la Russie pour protéger son cœur contre l'invasion - ont donné lieu à une stratégie des Etats-Unis, connue sous le nom de confinement (containment). La politique, soutenue par le diplomate américain George F. Kennan (...) Même après la disparition de l'Union soviétique, les Etats-Unis ont continué à appliquer la notion de confinement à la Fédération de Russie nouvellement formée. Bien que la Russie n'ait plus adhéré à une idéologie communiste ou ait posé un défi mondial aux Etats-Unis, elle conserve encore des ressources démographiques, économiques et militaires considérables. Ceux-ci, ainsi que son emplacement, ont placé la Russie pour ressusciter comme une formidable puissance régionale. En partie pour tenter d'empêcher sa résurgence, les Etats-Unis ont soutenu l'expansion de l'OTAN et de l'Union européenne dans l'ancien bloc de l'Est dans les années 1990 et au début des années 2000, malgré la faiblesse de la Russie. Pourtant, en 2008, lorsque l'OTAN s'est engagée à élargir son appartenance à d'anciennes républiques soviétiques situées à proximité du centre russe, comme l'Ukraine et la Géorgie, la Russie avait récupéré une grande partie de sa puissance économique et militaire. » Le chemin était pavé pour une nouvelle guerre froide et une nouvelle politique américaine de « containment » (sanctions, militarisations des frontières russes par l'OTAN, confrontations locales). Il conduisait aux crises de Crimée (annexée à la Russie) et de Syrie (intervention militaire russe) et à un des fondamentaux de la Géopolitique russe en Méditerranée et Mer noire : l'Axe géostratégique Sébastopol-Levant (Tartous). La région qui englobe la Russie et les anciens Etats soviétiques sera au centre de la politique étrangère du président américain Donald Trump. La nouvelle administration pourrait ajuster l'approche de Washington à l'égard des sanctions contre la Russie, la coopération avec Moscou en Syrie et le soutien aux Etats dans les zones frontalières européennes.- Néanmoins, l'impératif stratégique des Etats-Unis de contenir la Russie ne changera probablement pas, limitant ainsi les chances pour les deux Etats de conclure un grand marché.