Aujourd'hui, la situation des monnaies américaine et européenne est largement discutée par les spécialistes. La politique américaine pourrait influencer les rapports financiers américano-européens. Les marchés doivent-ils s'attendre à l'effondrement de l'euro dans un futur proche ? Donald Trump a déclaré, dans une interview accordée à la BBC, que l'euro pourrait s'effondrer dans les 18 prochains mois. Une opinion qui suscite le débat. Le régime Trump compte sortir l'économie des USA par une application des théories keynésienne et le protectionnisme. L'UE compte sur l'austérité allemande et ses exportations dans une économie mondialisée. Deux méthodes totalement différentes et opposées. Le dollar grimpait face à l'euro jeudi, après des commentaires d'un conseiller du président américain Donald Trump sur le niveau de la monnaie unique, dans un marché restant tout de même empreint de prudence. L'Allemagne utilise un euro "largement sous-évalué" pour "exploiter" ses principaux partenaires commerciaux, dont les Etats-Unis, a estimé ce mardi Peter Navarro, conseiller du président américain Donald Trump dans une interview au Financial Times. Pour Steen Jakobsen, économiste chez Saxo Bank, "il y a un risque grandissant" de voir le président Trump mettre en place une politique active d'affaiblissement du dollar, ce qui serait logique pour son programme qui implique notamment une hausse des exportations. Pour Jakobsen, le moyen indirect de faire baisser le dollar est d'utiliser des injonctions visant à faire se renforcer la monnaie d'en face, ce que l'équipe Trump a déjà fait ces dernières semaines avec le yuan. Avant la publication de ces propos, l'euro était déjà en petite hausse, tirant parti d'indicateurs encourageants en zone euro. L'inflation s'est approchée de l'objectif de 2% de la Banque centrale européenne (BCE) en janvier, atteignant 1,8% et dépassant les attentes des analystes. En outre, le chômage a poursuivi sa baisse en décembre et la croissance a accéléré au quatrième trimestre. Mais pour Craig Erlam, analyste chez Oanda, "si la pression sur la BCE pour qu'elle diminue ses rachats d'actifs s'est accrue depuis environ un mois, grâce à l'accélération de la hausse des prix en Allemagne et dans l'ensemble de la zone euro, il est important que la banque centrale s'abstienne de réagir en fonction des mouvements de prix temporaires car cela risquerait d'étrangler la reprise économique, en particulier dans les pays vulnérables de la périphérie". Les cambistes attendaient aussi avec prudence le début mardi d'une réunion de deux jours du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Comme il n'y aura pas de conférence de presse mercredi, le communiqué de la Fed annonçant sa décision monétaire sera décortiqué par les cambistes "en quête de tout élément indiquant si la Fed réfléchit à relever ses taux", a noté Kathleen Brooks, analyste chez City Index. Les derniers indicateurs américains ont dans l'ensemble été mitigés, donc "la plus grosse surprise à l'issue de cette réunion du FOMC (Comité monétaire de la Fed) serait un ton plus prudent d'une Fed tentant de calmer la nervosité causée par les récents développements politiques", a prévenu Mme Brooks. Le cas échéant, le billet vert risquerait de baisser fortement. Selon, un autre expert, le professeur Ted Malloch : « Il est difficile de qualifier la zone euro d'union monétaire idéale. C'est un projet non seulement économique, mais également politique, et actuellement, les pays clé de l'Union européenne soutiennent ce projet pour des raisons politiques. Un an et demi... Même si, disons, Marine Le Pen, qui joue avec l'idée de la sortie de Paris de la zone euro, remporte l'élection présidentielle française, elle n'arrivera pas à la réaliser dans des délais si brefs, ce n'est pas facile », affirme l'économiste du département de la zone euro de la société Pantheon Macroeconomics, Claus Vistesen, dans une interview accordée à Sputnik. Dans le même temps, l'année dernière, la menace pour le projet européen s'est réellement renforcée, notamment parce que plusieurs hommes politiques évoquent ouvertement sa reconfiguration, indique l'expert. « Regardons ce que propose Donald Trump : il veut créer en Amérique de nouveaux emplois, en mettant la politique financière au service de ce but. Cela signifie que la politique financière américaine sera plutôt plus dure et les taxes protectionnistes seront possibles. Tout ça signifie le renforcement du dollar, ce qui pourrait, en effet, conduire à l'effondrement de l'euro », déclare le spécialiste. Cependant, une telle dérive financière n'est pas incontournable : les capitaux ont longtemps fui la zone euro, mais si les investisseurs ont peur des risques, le capital reviendra et l'euro sera apprécié, conclut l'expert.