Mehdi Boualem (9 ans), Mohamed Hachelaf (8 ans), Abdallah Chouafria (12 ans) et Mohamed Chawki Ayachi (7 ans) sont indubitablement, depuis 23 ans selon le temps de ce bas monde, dans le paradis d'Allah. Et le jour du jugement dernier, ils interrogeront les poseurs experts de la bombe : « Pourquoi nous aviez-vous tués ?! » La sanglante journée du 1er novembre 1994 restera à jamais gravée dans nos mémoires. Ce jour-là, la localité historique de Sidi-Ali (dite Cassaigne) qui a donné en sacrifice tant d'hommes et de femmes pour que vive ce pays dans la sureté et la dignité, ne pensait jamais revivre la bêtise humaine de son temps d'indépendance. Sidi-Ali s'en souviendra assurément tant que battent les cœurs meurtris de leurs parents. Ce jour-là, les habitants de Sidi-Ali ainsi que les petits Mehdi BOUALEM, Mohamed HACHELAF, Abdallah CHOUAFRIA et Mohamed Chawki AYACHI trahis par l'escalade terroriste de ce temps-là, s'affairaient comme beaucoup de gens à travers le bled, à commémorer le 1er Novembre des Hommes, du soulèvement populaire contre l'autre terrorisme du colonialisme français. Mais comme ce bas monde est truffé de tant de ‘'mais'', le 1er Novembre à Sidi-Ali de Mostaganem allait prendre à partir de 1994 une autre tournure pour advenir désormais une autre commémoration. Un attentat à la bombe perpétré alors au sein du cimetière des chouhada coutera la vie à quatre petits scouts, venus ce jour-là commémorer le souvenir de Novembre 1954. Ils avaient fière allure, drapés qu'ils étaient dans leur uniforme flambant neuf. Agés respectivement de 7, 8, 9 et 12 ans, Chawki, Mohamed, Mehdi et Abdellah étaient parés de leurs beaux atours de petits scouts. Appelés à se recueillir sur les tombes des valeureux martyrs de notre Révolution, ils voyaient en cet évènement depuis le bas âge de leurs frêles corps, la vie de moments des plus intenses de leur existence. Et c'est ce qui fût ! C'en était vraiment là le moment le plus intense de toute leur existence. Le destin voulut qu'ils partissent à cet âge d'innocence, comme victimes de l'autel de la trahison, du terrorisme. « Les enfants du vieux quartier de Saint Jules passeront ensemble la nuit au local des SMA, la veille du grand rendez-vous du lendemain, de peur de rater sans doute l'évènement », témoignait de son vivant notre feu collègue. Ce soir-là, ils ne fermeront pas l'œil, heureux qu'ils étaient d'être quelques heures plus tard au garde-à-vous dans une cérémonie nationale qui ne ressemblera à aucune autre. Bien avant l'heure fatidique, ils étaient déjà sur pied, arborant fièrement leurs costumes qu'ils porteront toute la nuit et dans lesquels ils partiront à jamais dans l'immense douleur qu'aura entrainer une telle hécatombe... Et, aujourd'hui, ces âmes innocentes reposent dans un minuscule carré au cimetière de Sidi Benhaoua à Mostaganem. Depuis voilà quelques années, on n'y vient plus, l'on n'y dépose plus de gerbes de fleurs à leur mémoire. Les 1ers novembres de chaque année se succèdent ainsi et se ressemblent au point où les lieux semblent voués à l'abandon. Un peu plus loin, ces enfants martyrs passaient de leur vivant le plus clair de leur temps, au cœur de leur quartier, où l'on avait un jour entamé des travaux de construction d'une stèle commémorative mais sans jamais parvenir à ériger sur le piédestal du devoir de mémoire... Ces autres symboles de Novembre n'ont ainsi même pas eu droit à une simple pierre sur la placette de leur quartier pour au moins que soit perpétuer leur souvenir... « Ainsi va la vie, ainsi va le destin des hommes », comme disait Sid-Ahmed Hadjar Allah yarhmah.