Avant hier, a eu lieu le procès de l'affaire du blanchiment de capture de thon, au tribunal de Annaba, en présence de tous les accusés, y compris les mis en cause turcs, absents lors de l'audience du 8 mars dernier. Le juge, qui a convié à la barre, une à une, les 9 personnes impliquées dans cette affaire, qui avait éclaté en juin 2009, voulait confronter toutes les parties, confondre les unes et les autres à partir des déclarations faites de vive voix ou consignées dans les PV et, ainsi, établir la vérité sur ce qui s'est réellement passé. Le premier à être interrogé par le magistrat a été M. Boudamous Fateh, secrétaire général du ministère de la Pêche et de Ressources halieutiques au sujet de la question des autorisations de pêche délivrées ainsi que sur les permis de pêche dont ont été bénéficiaires les Turcs. Il aura fallu du temps pour faire la différence entre autorisation et permis, ce qui n'a pas été tout à fait clair en langue nationale, les deux mots étant très proches. Et là, on a compris que le juge a pu établir que les armateurs turcs n'avaient pas de permis de pêche mais seulement des conventions avec les armateurs algériens, en l'occurrence Saadoun Maamar et Hasni Hachemi, propriétaires des chalutiers El Djazaïr II et Chahid Raïs Hocine. Ensuite, ce fut le tour de Hasni Hachemi à être auditionné afin d'expliquer qu'en dehors de cette affaire de blanchiment de capture de thon, celui-ci avait exporté 190 tonnes de thon en avril 2008 sans pour autant posséder de registre du commerce puisque celui-ci avait été établi en 2009 et que cette pêche a été effectuée hors saison alors que, normalement, la pêche au thon est ouverte au cours des mois de mai et juin. Par ces questionnements le juge a réussi à semer le doute quant aux capacités du bateau algérien à pêcher en deux jours toute cette quantité de thon alors que sept bateaux japonais, équipés de moyens autrement plus performants, ont pêché en 20 jours 300 tonnes. Vraisemblablement, il y a eu une mise en scène de pêche. M. Kamel Allam, directeur des pêches maritimes et océaniques au niveau du ministère, Mme Abdoun Samia, secrétaire de la même institution, les armateurs turcs Hassan Serefoglu, Iddiz Mustapha, Blibel Iroll, Frakcik Kamel et Certer Iroll, ont tous répondu aux questions posées par le juge, avec parfois des interventions du procureur de la République pour faire remarquer ou rappeler un fait. Ce sont presque les mêmes questionnements qui ont été formulés lors des précédentes audiences avec quelques correctifs apportés suite au complément d'enquête demandé. Toujours est-il qu'à l'heure où nous mettons sous presse, ni le réquisitoire ni les plaidoiries du collectif d'avocats n'avaient commencé.