Tayeb Louh n'est pas un ministre à la gâchette facile. L'accrochage entre lui et Ouyahia est donc loin d'être une tempête dans un verre d'eau. Il obéit à des considérations politiques. Cet échange acéré entre un ministre et son Premier ministre révèle au grand jour les frictions au sein du gouvernement. En arrière-plan, la présidentielle de 2019 et la question du 5e mandat. Louh comme Ouyahia sont des fidèles du président Bouteflika qu'ils accompagnent depuis son arrivée au pouvoir en 1999. Qu'est-ce qui a changé pour qu'Ahmed Ouyahia attaque et Tayeb Louh contre-attaque ? Pour certains, ces frictions pourraient être liées à l'ambition galopante du premier ministre. Le temps est au plomb et aux petites phrases assassines ! La photo de famille vient d'être entachée par des attaques en règle menées par le ministre de la Justice Tayeb Louh contre le Premier ministre Ahmed Ouyahia et vice-versa. Le 5 novembre dernier, lors d'une sortie en fanfare à Oran, Tayeb Louh s'est payé la tête de son censé supérieur hiérarchique. L'air de rien, il décoche deux phrases empoisonnées rappelant le passé Ahmed Ouyahia. Tayeb Louh a d'abord rappelé au bon souvenir des Algériens les impôts sur les documents biométriques que voulait imposer le Premier ministre dans la loi de finances 2018 avant que la présidence ne les retire. Mais le garde des sceaux ne s'arrête pas là. Il s'en va fouiller dans le passé d'Ouyahia. Et remonte jusqu'aux troubles années 1990. Eh oui c'est qu'Ahmed Ouyahia est au-devant de la scène politique depuis 30 ans. Alors le ministre de la Justice a rappelé l'emprisonnement des cadres de l'Etat. "Cette époque de l'arbitraire est révolue grâce aux directives du président de la République. Il n'y aura pas de retour [à ces méthodes] hors du cadre légal", a-t-il rappelé. Ce n'est pas la première fois qu'Ouyahia fait face à de telles accusations. Mais cette fois, elles viennent d'un membre du gouvernement, connu pour être réservé, mesuré et policé.