En ce matin du jeudi 25 juillet 2019, l'air est léger dans les rues de Mostaganem où règne un silence inhabituel, comme si la ville retenait son souffle. Le bruit des moteurs des voitures qui tournent, et la résonnance du sifflet du policier qui régularise la circulation, tout est presque bien. L'origine de ce calme retrouvé est peut-être due au Hirak, cette révolution des mentalités est la mort du système qui a tué la bonté du cœur des Algériens, analyse Moul Firma. Sentant soudain une douleur dans sa poitrine, brutale et intense qui irradie sur le bras gauche, typique de ce que ressentent les gens lorsqu'ils font un infarctus. Il s'arrête, souffle un grand coup puis il s'assoie sur le bout du trottoir. Le téléphone de Moul Firma sonne, pour lui rappeler de ne pas oublier son rendez-vous avec le docteur de la CASNOS au sujet d'une prise en charge dans une clinique de cardiologie. Le temps de se reposer, Moul Firma sachant qu'il n'est pas en état de conduire, prend un taxi et file vers la caisse à Tigditt. Fatigué et dégouté depuis sa dernière visite à cet organisme qui lui a déplumé autant d'argent sans lui rembourser un centime pour les anciennes consultations médicales, mais il essaye de ressasser sa colère sur son chemin. Un type en blouse blanche s'approche de Moul Firma, le fixant de ses grands yeux, comme s'il a affaire à un mendiant puis il examine le dossier médical et s'éloigne vers d'autres blouses blanches et discute. Une deuxième personne en blouse blanche s'approche, regarde Moul Firma de haut en bas comme, s'il veut lui tailler un costume, puis il repart. Restant dans son incomprise, durant plus d'une heure, quand un troisième en blouse blanche se dirigea vers lui pour le conduire au bureau de son excellence le docteur. ‘' Bonjour Docteur, en ce moment je ne me sens pas très bien, il y'a quelques instants, j'ai eu un malaise, et je veux bien que vous m'accordiez une prise en charge en urgence pour une intervention chirurgicale cardiaque'', demande avec politesse Moul Firma à sa majesté le toubib. C'est rien, lui répond le médecin, vous êtes allergique peut-être à la canicule et bien, il faut seulement prendre du repos et arrêter la cigarette !'', conseille la quatrième blouse blanche à Moul Firma, avant de l'examiner. Le médecin, d'un air souriant, tenant le dossier médical de Moul Firma dans sa main, lui dit, He bien ! Si El-Hadj, tu as un cœur d'un jeune de vingt ans, et puis, la CASNOS est liée par des règlementations, on ne peut pas vous donner l'accord d'une prise en charge dans l'immédiat, l'adhérent malade est tenu de faire une demande 15 jours avant le rendez-vous pour toute intervention chirurgicale ou autres… donc il faut avertir l'établissement avant que vous ne tombez malade, explique le docteur. Donc, pour vous docteur, il faut vous avertir avant que je ne tombe malade, donc je pense qu'il est également évident de vous avertir de la date de mon décès pour que vous rembourseriez mes héritiers ‘', réplique Moul Firma avant que lui coupe la parole le toubib pour lui dire :''tu te fous de ma ‘'gueule'', comment tu pourras deviner la date de ta mort ? ‘'Alors comment je pourrais savoir quand je vais tomber malade, ceci pour vous dire aucun médecin au monde ne peut deviner la minute ou la seconde exacte d'une crise cardiaque ‘' lui rend la monnaie Moul Firma. Mal dans sa peau, le toubib fait rappeler à Moul Firma qu'il ne fait qu'appliquer les règles de son Altesse la CASNOS qui oblige ses adhérents de prévoir la crise cardiaque et l'informer sinon, les frais de leurs consultations ou interventions chirurgicales ne seront pas remboursés. Ainsi Moul Firma, visage rouge de colère, réitère sa demande et insiste sur le changement de ces lois qui ne servent qu'à pomper les caisses de la CASNOS, et avertit les fidèles cotisants de madame la CASNOS de rester vigilants et surveiller les battements de leurs cœurs car si par malheur ils sont victimes d'une attaque cardiaque, ils ne seront plus remboursés, il vaudrait mieux laisser des économies à El Hadja, parce que c'est les héritiers qui seront bien servis à la CASNOS. Un pauvre malheureux qui n'a pas les moyens de cracher 120 millions de cts pour une intervention, il est nécessaire pour lui de prévoir son heure de décès, pour convaincre la CASNOS de son arrêt de cœur ! Si le cœur humain est un organe vital qui consiste à pomper le sang, la CASNOS est une caisse qui consiste à pomper l'argent des commerçants ! Heureusement, dit Moul Firma, que j'ai le cœur gros, gros d'espoir de voir cette caisse partir en fumée avec ses lois, avant de mourir d'une attaque cardiaque !