Le procès intenté par le Président de l'APC d'Ain-Boudinar, pour diffamation contre le directeur général de Réflexion devant le tribunal de grande instance de Mostaganem ce jeudi, a défrayé la chronique, la présidente d'audience devait hausser constamment le ton pour maitriser la situation. Une situation qui allait dégénérer, si ce n'est la sagesse du directeur de Réflexion et l'intervention de l'avocat de la défense. Le directeur de Réflexion a eu toutes les peines du monde à s'expliquer et mettre en exergue les preuves qu'il dit détenir concernant la tentative de corruption exercée par le maire d'Ain-Boudinar sur l'entrepreneur O.Y.Aek, co-inculpé pour le même délit. D'emblée, on sentait que les débats étaient semés d'embûches. Appelé à le barre, le directeur de Réflexion, n'a pas ménagé ses efforts pour démonter au tribunal qu'il ne s'agissait nullement d'une diffamation , mais bel et bien d'un écrit dûment signé par M. O.Y.A, présent également à l'audience, qui confirme que le maire d'Ain-Boudinar, lui a, effectivement demandé un pot-de-vin de 50 millions de centimes et que le journal n'a fait que rapporter cette information qui a pour objet une « tentative de corruption ». Pour ce, l'accusé, met en évidence devant le tribunal, toutes les preuves en sa possession, notamment la lettre adressée à Mme le wali, une autre adressée à Mr le secrétaire général, où le co-accusé, dénonçait avec force les agissements du président de l'APC concerné, comme il a exhibé une convocation émanant de la sûreté de daïra de Bouguirat, où une plainte avait été déposée par l'entrepreneur pour tentative de corruption, d'où ce dernier déclara à son tour qu'il a été entendu par la police mais aucune suite n'a été réservée à sa plainte. Poursuivant son intervention, M. B.B, directeur de Réflexion, avait fait état d'une expertise effectuée par un expert foncier concernant l'état du terrain objet du litige, pour finalement insister sur le caractère non diffamatoire de cette affaire et que la presse n'a fait que jouer son rôle dans le cadre des orientations du président de la République en matière de lutte contre la corruption. C ‘est à ce moment, que le représentant du ministère public intervient en signifiant à l'accusé qu'en sa qualité de journaliste, il n'avait pas à agir sous une couverture politique pour lutter contre la corruption et a tenu à rappeler que seule l'institution judiciaire est habilitée à jouer ce rôle dans le cadre des prérogatives qui lui sont dévolues. La présidente du tribunal rétorqua à l'adresse de l'accusé : « Vous n'avez pas le droit de publier des choses pareilles sans preuves » et l'accusé de répondre : » La preuve est devant vous Madame la présidente », en pointant du doigt son co-accusé O.Y.A, « que voulez-vous de plus ». S'adressant à ce dernier, la juge d'audience lui lança : « Qui vous a permis d'aller publier un article dans un journal, avant de déposer plainte auprès des services compétents ?» O.Y.A répondit sans hésiter : « Votre honneur, j'ai déposé une plainte auprès des services de la sûreté de daïra de Bouguirat, lesquels services m'ont entendu et ont dressé un procès-verbal que j'ai signé d'ailleurs, mais depuis aucune suite n'a été réservée à ma plainte, alors j'ai du transmettre deux compte-rendu, le premier à Mme le Wali et le second au secrétaire général de la wilaya en sa qualité de président du comité des marchés publics, et ne constatant rien venir, je me suis rapproché du journal « Réflexion » en sollicitant ses colonnes pour dénoncer les agissements du maire qui m'avait demandé de lui verser 50 millions de centimes »,' taisez-vous' répliqua la présidente, puis elle donna la parole à la partie civile, représentée par maitre F.Amal, qui n'hésita point à exhiber en public le bulletin n° 2 de l'accusé en déclarant que le directeur de Réflexion, ici devant vous, a été poursuivi à neuf reprises pour diffamation et remet le document à la présidente du tribunal et demande 100 millions de centimes à titre de la réparation civile pour son client. Quant au représentant du ministère public, il a été sévère dans son réquisitoire,il a requis un an de prison ferme à l'encontre du directeur de Réflexion et ses co-inculpés. Pour sa part, la défense qui ne s'attendait certainement pas la tournure qu'avaient pris les événements, a démontrer dans sa plaidoirie que cette affaire n'est entachée d'aucune diffamation, du fait que la personne à l'origine de cette histoire est bien présente et a confirmé la demande du pot-de-vin, donc en quoi le directeur du journal pourrait-il être accusé, pour demander finalement l'acquittement pur et simple de son mandant. Rappelons toutefois, qu'à la fin de la plaidoirie de la défense, le directeur de Réflexion, a sollicité un dernier mot, demande qui lui a été refusée par la juge d'audience en reportant la lecture du verdict au 13 du mois courant.