Selon l'agence britannique Reuters qui cite une source interne à la Sonatrach ayant requis l'anonymat « compte tenu de la situation politique délicate », « la production est toujours en cours chez Sonatrach, mais tout le reste est complètement gelé y compris les discussions avec les compagnies pétrolières américaines Exxon et Chevron ». Reuters explique ce gel par le fait que tout accord avec une compagnie étrangère est « sensible en Algérie et a besoin du soutien d'un président permanent et non par un intérimaire ». La source de Reuters a confié « qu'aucune visibilité sur le court terme étant donné que c'est la politique et non l'économie qui a la priorité pour l'instant ». Cette situation profite au français Total puisque la compagnie pétrolière américaine OXY devrait céder, en 2020, tous les actifs d'Anadarko en Afrique au groupe français Total pour 8,8 milliards de dollars. L'opération se fera en vertu de l'accord engageant les deux groupes en vue de l'acquisition des actifs du groupe pétrolier américain Anadarko en Algérie, Ghana, Mozambique et Afrique du Sud. La question, s'il s'agit bien des actifs ou des actions cotées en bourse dans un gouvernorat des Etats-Unis n'est pas le problème pour le moment. Ce qui est qui est important, c'est les intentions de la compagnie américaine de renouer avec les tribunaux internationaux dans le cas où l'Algérie use de son droit de préemption sur quelle base compte-t-elle se défendre ? En Algérie, le gouvernement nommé par l'ancien président quarante-huit heures avant sa démission continue pourtant de faire mine de gouverner. Les quatre mandats d'Abdelaziz Bouteflika – qui avait fait réviser la Constitution pour se maintenir à vie dans ses fonctions – ont depuis longtemps, il est vrai, vidé la Loi fondamentale algérienne de toute substance. Le chef de l'Etat par intérim avait pourtant dévoilé une nouvelle approche du pouvoir pour régler la crise. Abdelkader Bensalah avait invité la classe politique et la société civile à engager un dialogue et s'était engagé à respecter ce qui en découlerait : des garanties quant à la transparence dans l'organisation d'un futur scrutin ; la composante, le fonctionnement et les moyens alloués à une instance électorale indépendante. En balayant la vitrine politique du régime, son vieux président, ses partis dits majoritaires comme le FLN, sa centrale syndicale ou son Parlement, le soulèvement populaire a réduit un pouvoir qui jusqu'ici marchait sur deux jambes à sa seule expression brute : l'armée.