Chaque soir les badauds assistent aux passages de dizaines de cortèges de mariages, tous feux de détresse allumés et tous klaxons en folie, à travers les avenues principales de la ville d'Oran. Une véritable frénésie semble s'être emparé de nombreuses s familles couples qui tiennent à célébrer, parfois dans la précipitation, les unions de mariages avant le début du mois sacré. Pendant le ramadan. Un mois au cours duquel on ne se marie pas : on jeûne. Ainsi donc, chaque début de soirée, on assiste à un interminable carrousel de voitures luxueuses lancées à la poursuite d'une limousine transportant les mariés, suivies d'une camionnette découverte à son bord un groupe folklorique, faire plusieurs fois le tour des principaux ronds-points flanqués d'un jet d'eau, encerclé par des familles en quête de fraîcheur. Les limousines, d'une blancheur immaculée et qui font la longueur de près de trois véhicules d'un fonctionnaire honnête placées l'une après l'autre, sont devenues le moyen de transport incontournable pour les mariés le jour de noces. « L'enlèvement » de la fiancée du domicile paternel vers la salle des fêtes, réservée longtemps à l'avance, est perçu surtout comme une marque de considération manifestée par le futur époux à l'élue de son cœur, mais aussi (et on ne le dira pas) pour faire rager les jaloux). Soudain, sur l'injonction du chef de cortège la limousine blanche sert à droite avant de s'immobiliser sur le bas-côté du boulevard suivie des autres véhicules qui, faute d'espace, se garent n'importe comment. Chacun des conducteurs cherchant à s'approcher au maximum de la limousine nuptiale. Et vlan ! Tout le monde descend. Hommes, femmes et enfants, en habits de fête, se mettent à danser autour des mariés au son du tbal, des karkabou et de la trompette exécuté par les musiciens du groupe accompagnateur. Une séance d'échauffement avant le début de la fête qui va se prolonger jusqu'à l'aube. Presque tous les cortèges observent une halte pratiquement aux mêmes endroits. Si bien que parfois, les occupants des voitures du cortège suivant, sont contraints d'attendre le départ du précédent avant de descendre à leur tour. Les espaces de détentes sont situés le long du boulevard reliant le rond-point de l'hôtel Sheraton au pont Zabana, le nouveau rond-point dit du Méridien. Avec le nombre mariages qui a connu une incroyable augmentation au cours de ce mois de juillet, d'autres lieux ont été retenus comme points d'escales. Une manière de s'extérioriser qui devenue un véritable phénomène de société. On ne s'offusque plus des « règles de bienséance » hères à nos grands-mères. « C'est la célébration d'un événement heureux pour montrer ainsi notre, j'allais dire « solidarité » avec les familles qui s'unissent, alors on s'en donne à cœur joie, sans réserve aucune. » Nous a confié une enseignante à l'université rencontrée parmi les convives et qui est une dame très réservée pourtant dans son travail et dans la vie de tous les jours. Ne s'agirait-il pas d'un autre tabou qui se brise ? Statistiquement parlant, certaines sources proches du service d'état civil de la commune, près de 6.000 mariages ont été enregistrées l'année dernière à Oran. Soit la célébration d'une bonne quarantaine d'unions par jour ouvrable. Des chiffres qui pourraient être largement dépassé durant l'année en cours. Ce qui a conduit les services de l'APC d'Oran à aménager les bureaux de l'ancien service électoral, situé au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville, s'ouvrant sur le boulevard Maata Mohamed El Habib, pour abriter la célébration des mariages qui seront, nous dit-on, officiés par le maire en personne, M. Sadek Benkada. Ceci, pour donner à l'événement sa véritable dimension solennelle, comme cela se passe dans certains pays étrangers où la cérémonie est toujours célébrée par le maire de la ville portant l'écharpe aux couleurs de l'emblème national en bandoulière. Enfin, un retour timide aux bonnes habitudes…