C'est la première annonce officielle sur le futur de Djezzy : le gouvernement algérien va acquérir le premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie. Un comité a été installé au niveau du ministère des Finances pour étudier la question de l'évaluation du rachat de l'opérateur privé de téléphonie mobile Djezzy. Un bureau d'étude algérien est en train de travailler avec des bureaux d'études étrangers sur cette question. Ils ont un délai avant la fin de l'année en cours pour conclure leurs travaux », a déclaré Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, jeudi 2 septembre à Alger.Intervenant devant un parterre de journalistes en marge de la cérémonie d'ouverture de la session d'automne du Conseil de la nation, le ministre a indiqué que les autorités algériennes soumettront une offre aux dirigeants du groupe Orascom, propriétaire de cette filiale qui compte quelque 15 millions de clients dans le pays. Evidemment, le prix de cession de ce fleuron de la téléphonie mobile en Algérie n'est pas encore tranché. Une première estimation est venue de La Deutsche Bank laquelle a rendu public lundi 9 août, une analyse sur la situation de Djezzy en estimant la valeur de cet opérateur à 3,6 milliards de dollars. Trop cher. En dépit du sérieux et de la réputation de cet organisme bancaire allemande, de nombreux analystes considèrent que l'opérateur égyptien qui a obtenu la première licence privée en 1999 est surcoté.Le futur rachat de Djezzy devra donc signer la fin de l'aventure en Algérie pour cet opérateur égyptien qui a connu une ascension fulgurante depuis son arrivée au pays. Alors qu'il constituait un acteur économique incontournable au cours de la dernière décennie, Djezzy a essuyé une première bourrasque en juillet 2009 lorsque le gouvernement algérien lui a imposé un redressement fiscal de prés de 600 millions de dollars. A ce contentieux financier s'est ajouté un refroidissement des relations entre Alger et le Caire suite à l'agression des joueurs de l'équipe algérienne lors d'un match comptant pour la qualification au mondial 2010 en Afrique du Sud. Depuis, rien ne va plus entre Djezzy et les autorités algériennes.Alors que le patron du group Orascom, Naguib Sawiriss, a déjà engagé des discussions avec des entreprises étrangères afin de céder sa filiale algérienne, le gouvernement a fait valoir son droit de préemption sur Djezzy. Plombé par le redressement fiscal, interdit de transfert de ses dividendes, empêché d'importer du matériel et des pièces de rechange, chassé des écrans de la télévision algérienne alors qu'il y était un généreux annonceur, le leader de la téléphonie est voué à la disgrâce.L'arrivée du groupe égyptien Orascom en Algérie en 1999– sa filiale de téléphonie OTH a été crée en 1997 – a été rendue possible grâce à l'entregent de Mohamed Shorafa, un homme d'affaires émirati qui avait la particularité d'avoir connu le président Bouteflika a l'époque ou celui-ci était pris en charge, au milieu des années 1980, par l'émir d'Abou Dhabi, le cheikh Zayed Ibn Sultan. Renvoyant l'ascenseur pour son bienfaiteur, le président Bouteflika a pesé de son poids pour que Shorafa, agissant pour le compte du Group Orascom, puisse obtenir la première licence privée de téléphonie mobile. Shorafa reparti aux Emirats avec un beau pactole, Sawiriss a pu ainsi développer et faire prospérer Djezzy avec le concours des autorités algériennes au point de venir 9 ans plus tard, leader dans son secteur. Le gouvernement va donc reprendre à Sawiriss ce qu'il lui avait consenti dix ans plus tôt. L'estimation de la valeur de Djezzy connue bientôt L'évaluation de la valeur de rachat de l'opérateur mobile Djezzy doit être finalisée avant la fin de l'année, a indiqué, jeudi 2 septembre, Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication. « Un comité a été installé au niveau du ministère des Finances pour étudier la question de l'évaluation du rachat de l'opérateur privé de téléphonie mobile Djezzy. Un bureau d'étude algérien est en train de travailler avec des bureaux d'études étrangers sur cette question. Il ont un délai avant la fin de l'année en cours » pour rendre leurs conclusions, a déclaré M. Benhamadi à la presse, en marge de la cérémonie d'ouverture de la session d'automne du Conseil de la nation.Une fois le travail d'évaluation effectué, le gouvernement des négociations avec Orascom Telecom, maison mère de Djezzy. M. Benhamadi s'est refusé à une estimation financière de l'opérateur mais il a insisté sur la volonté de l'Etat de racheter l'opérateur. Orascom Telecom, se basant sur la moyenne des transactions dans le secteur de la téléphonie mobile et ses négociations avec le sud-africain MTN, estime que la valeur de sa filiale algérienne ne doit pas être inférieure à 6 milliards de dollars. La banque allemande Deutsche Bank, dans une note d'analyse publiée en août, avait valorisé Djezzy à 3,6 milliards de dollars. Ce montant prend en compte les difficultés de l'opérateur en Algérie : redressement fiscal, interdiction de domiciliation bancaire pour les opérations d'importation… Djezzy est chassé de l'ENTV C'est l'arroseur arrosé. Littéralement. Désormais, plus de spots publicitaires de Djezzy à l'antenne de la Télévision algérienne. Dirigé par Abdelkader Eulmi, l'ENTV lui a refusé de renouveler le contrat de publicité annuelle, a rapporté l'agence britannique Reuters, jeudi 2 septembre, citant une source de l'Unique. « Ils (la télévision d'Etat) ne sont plus d'accord pour diffuser des annonces Djezzy», a indiqué cette source, sous le seau de l'anonymat. Une source interne à Djezzy qui n'a pas souhaité être identifiée à confirmé à DNA la révocation de l'opérateur comme annonceur. A l'entame du mois sacré de ramadhan, le 11 août dernier, les publicités de la filiale algérienne du groupe égyptien Orascom télécom, ont cessé de paraître à la télévision nationale. Une « disparition » que beaucoup d'Algériens ont d'ailleurs remarquée. Et c'est au mois de ramadan précisément que le premier opérateur de téléphonie mobile, avait pour habitude d'inonder l'écran par ses compagnes publicitaires. A ce titre, il est considéré comme le plus gros dépensier en termes d'abattage publicitaire avec un budget annuel d'environ 40 millions de dollars, selon les indications de la même source. Pour le moment, les responsables de Djezzy n'ont pas jugé utile de commenter cette décision.Pour contourner cette interdiction, la boite algérienne de Naguib Sawiriss a transféré certains de ses spots à la télévision Nessma, basée en Tunisie, et à MBC, établie au Liban, des chaînes largement regardées en Algérie. Par contre, la publicité de Djezzy, continue d'être diffusée sur les ondes de la radio publique, contrôlée par l'Etat et ainsi que dans les journaux dont certains relèvent du secteur public. Avec cette mesure, la première du genre, c'est un énième front de bataille qui vient de s'ouvrir entre les dirigeants du groupe Orascom qui détient Djezzy et les autorités algériennes. L'objectif de cette exclusion est clair : le gouvernement algérien met la pression sur Sawiriss avant l'ouverture des négociations sur un éventuel rachat de Djezzy. Djezzy joue la proximité Depuis le début de ce ramadan 2010, de nombreuses entreprises orientent leur stratégie de communication vers des actions de solidarité, maître mot de cette période de l'année. Dernière en date, Djezzy, qui vient de faire un don à 10 zaouias de la région d'Adrar, afin de participer au financement de leurs missions d'enseignement et d'éducation dans le sud du pays. La cérémonie de remise des chèques s'est déroulée mercredi soir à Alger, en présence du ministre des Affaires religieuses Bouabdellah Ghlamallah.«En tant que leader nous avons le devoir d'être à l'écoute de notre environnement et de soutenir tous ceux qui travaillent pour le bien commun. Et les honorables zaouias en sont un exemple concret», a déclaré le directeur général d'OTA, Tamer El Mahdi, lors de la cérémonie de remise des chèques. Il a annoncé d'autres actions en faveur d'autres zaouias dans d'autres régions du pays. Les montants de ces dons n'ont pas été dévoilés.