Un épisode de l'histoire de Sonatrach que raconte Hocine Malti dans son livre «Histoire secrète du pétrole algérien » L'épisode du fameux contrat signé entre la firme américaine El Paso et la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach.En 1969, Sonatarch et la firme américaine El Paso Natural Gas pour la livraison de 10 milliards de m3 par an de gaz algérien sur une période de 25 ans. Grâce à ce contrat qui a été avalisé par l'administration américaine en mars 1973, l'Algérie a pu enfin pénétrer le marché de l'énergie aux Etats-Unis.En mars 1979, Chadli qui a succédé à Boumediene limoge Sid Ahmed Ghozali de son poste de ministre de l'Energie et des Industries pétrochimiques pour le remplacer par Belkacem Nabi. Deux mois plus tard, le 20 mai, inaugurant la fameuse chasse aux sorciers du début du règne de Chadli, Nabi sort une déclaration fracassante dans le quotidien El Moudjahid : il aurait découvert que l'équipe qui a géré le secteur des hydrocarbures avant lui avait bradé le gaz algérien dans le cadre de la signature du contrat entre Sonatrach et El Paso. Manque à gagner pour l'Algérie, selon Nabi, 150 milliards de dollars. Conséquence, le ministre demande la révision du dudit contrat. Devant l'ampleur d'une telle révélation, le président Chadli exige une enquête parlementaire pour faire la lumière sur cette affaire.Pourquoi Belkacemi Nabi, évincé de son poste de directeur de l'énergie et des carburants au sein de Sonatrach en 1965 par Belaid Abdesselam, a-t-il décidé de remette en cause le contrat avec El Paso avant d'avancer le chiffre colossal de 150 milliards de dollars de manque à gagner pour le pays ? Esprit de vengeance ? Volonté de régler des comptes avec ces prédécesseurs ? C'est possible. Hocine Malti y voit une autre raison, nettement plus grave. Dans son livre, il révèle : « Au moment des faits, écrit-il, l'Algérie menait, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia, une action de médiation entre les Etats-Unis et la République islamique d'Iran en vue de la libération des fonctionnaires de l'ambassade américaine, retenus en otage à Téhéran depuis novembre 1979. Selon Mustapha Boutaeib, conseiller à l'Energie du président Chadli de 1982 à 1984, qui me l'a personnellement rapportée, Belkacem Nabi aurait affirmé à l'ambassadeur des Etats-Unis accrédité à Paris que, dans le cas ou El Paso refuserait le prix qu'il avait exigé d'elle, l'Algérie mettrait fin à ses missions de bons offices entre Washington et Téhéran. Face à cet ignoble chantage, où se mêlaient une action humanitaire et une opération commerciale, les Américains auraient mis fin au contrat, tandis que le président Ronald Reagan, informé de l'épisode lors de son élection en novembre 1980, aurait demandé dès le lendemain de son intronisation, le 20 janvier 1981 –jour ou furent libérés les otages de Téhéran -, à El Paso et à toutes les autres compagnies américaines intéressés de renoncer à tout achat de gaz à l'Algérie, dans l'immédiat ou à l'avenir.»Encore en vie, l'ancien ministre Belkacem Nabi pourrait peut-être éclairer l'opinion sur cet épisode noir de l'histoire du pétrole algérien.