Les manifestations populaires avaient mis à nu aux yeux du monde la réalité criminelle et l'horreur du colonialisme français et exprimé l'unité du peuple algérien, sa mobilisation derrière le FLN ainsi que son attachement à ses principes et à la liquidation de la politique de De Gaulle contenue dans l'idée de "l'Algérie algérienne" ainsi que celle des colons "l'Algérie française". Au niveau international, les manifestations populaires avaient démontré un soutien sans réserve au FLN. Les événements du 11 décembre ont commencé réellement par les manifestations du 09 décembre 0960 à Ain-Témouchent. 1– Introduction Le 11 Décembre 1960, les Algériens organisèrent une manifestation pacifique pour réaffirmer le principe de l'autodétermination du peuple algérien contre la politique du Général De Gaulle, visant à maintenir l'Algérie comme étant une partie de la France dans le cadre de l'idée de l'Algérie algérienne d'une part et contre la position des colons français qui cultivaient le rêve de l'Algérie française. Dans la capitale… Des manifestations pour l'indépendance de l'Algérie éclatent à Alger puis dans le reste du pays. Particulièrement massives à Alger, ces manifestations avaient été organisées en signe de soutien au FLN et au GPRA pour l'indépendance de l'Algérie. Après la bataille d'Alger et le démantèlement des cellules du FLN elle prouve que le sentiment nationaliste reste fort dans la population algérienne et ce dans toutes les catégories sociales. Les manifestations s'étendirent à tous les quartiers populaires: Belcourt, Salembier (Diar el Mahçoul actuellement), El Harrach, Kouba, Birkhadem, la Casbah et Climat de France (Oued Koriche). Ces manifestations prennent vite l'allure d'un soulèvement populaire contre le colonialisme et la population affrontera directement les forces de l'ordre et les parachutistes. Plusieurs parties des quartiers européens comme la rue Michelet (actuellement rue Didouche Mourad) et Bab el Oued seront envahis, la population voulant en découdre avec les colons qui quelques jours plus tôt avait manifesté pour l'Algérie française.Les manifestations qui durèrent plus d'une semaine, s'étendirent également à plusieurs villes algériennes Oran , Chlef, Blida, Constantine, Annaba et autres au cours desquelles le peuple portait les mêmes slogans.Ces manifestation sont un démenti sévère de la politique française ainsi qu'a la visite quelques jours plutôt de De Gaulle, car elle prouve l'adhésion de la population a la lutte pour l'indépendance et son soutien au FLN. Sur le plan militaire et sécuritaire elle prouve aussi que depuis la bataille d'Alger l'armée française a une maîtrise fragile du terrain car elle n'a pu empêcher la descente de la population dans les quartiers européens. Ainsi pour la cause algérienne ces manifestation sont une démonstration de force et l'ONU en tiendra compte car elle sera désormais convaincue de la nécessite d'inscrire la question algérienne à son ordre du jour. 2- Causes des manifestations Le Front de Libération Nationale fit en sorte de s'opposer à la fois à la politique de De Gaulle et des colons, vu que ce dernier comptait sur les Français algériens pour soutenir sa politique et organiser des manifestations pour l'accueillir à Ain Témouchent le 9 Décembre 1960 et également aux colons lesquels réagirent à cela par des manifestations pour imposer aux Algériens leur réaction à la politique de De Gaulle qui considérant que l'Algérie appartenait à tous dans le cadre de la France. Le Front de Libération Nationale ne fut pas neutre mais entra dans le conflit avec une force populaire imposante, brandissant le slogan de "Algérie musulmane indépendante" contre celui de De Gaulle "Algérie Algérienne" ainsi que celui des colons "Algérie française". 3- Déroulement des manifestations Aux manifestations de soutien à la politique de De Gaulle du 9 décembre puis celles des colons le 10 du même mois, succédèrent les manifestations populaires sous la direction du Front de Libération nationale le 11 décembre pour exprimer l'unité du pays et le rassemblement du peuple autour de la Révolution, pour revendiquer l'indépendance totale. Des rassemblements populaires des différentes catégories eurent lieu dans les places publiques à travers toutes les villes algériennes. Ainsi à Alger, la place du champ de manœuvres (1er Mai actuellement) connut une densité populaire soudée et mobilisée derrière le drapeau national et les slogans de l'indépendance et longue vie au Front de libération. Elles envahirent la rue Michelet (Didouche Mourad actuellement) et affrontèrent les forces coloniales et les colons manifestants. Les manifestations s'étendirent à tous les quartiers populaires à Belcourt, Salembier (Diar el Mahçoul actuellement), Bab El Oued, El Harrach, Kouba, Birkhademe, Diar el Ada, la casbah et Climat de France (Oued Koriche). Les slogans étaient unifiés autour de la levée du drapeau national, le Front de Libération Nationale, le Gouvernement Provisoire et Vive l'Algérie. Les manifestations qui durèrent plus d'une semaine, s'étendirent également à plusieurs villes algériennes Oran , Chlef, Blida, Constantine, Annaba et autres au cours desquelles le peuple portait les mêmes slogans. 4- Les manifestations touchent les autres wilayas Dans la ville d'Oran, située à l'Ouest du pays, les extrémistes français sortirent pour dénoncer De Gaule, lui souhaitant le pire et scandant le slogan de "l'Algérie Française". De leur côté les Algériens en firent de même pour revendiquer l'indépendance de l'Algérie. Avec l'intervention des troupes coloniales au plus profond des quartiers arabes, de nombreuses victimes algériennes tombèrent sans que cela n'empêche les manifestants de sortir dans les rues le jour suivant, clamant l'indépendance et la vie du Front de Libération Nationale. Loin d'Alger et d'Oran, les manifestations ont duré plus d'une semaine et englobé les villes de Constantine, Annaba, Sidi Bel Abbès, Chlef, Blida, Béjaïa, Tipaza et autres qui ont démontré à plusieurs égards, par l'écho qu'elles eurent, le trouble qui avait atteint le colonialisme et le degré d'attachement du peuple algérien à arracher sa souveraineté spoliée. A cette occasion, Ferhat Abbès prononça le 16/12/1960 un discours sous forme d'appel dans lequel il loua le courage du peuple et dénonça publiquement la sauvagerie et la tyrannie du colonialisme. 5- Position du Gouvernement Provisoire Après la victoire politique flagrante réalisée par le Front de Libération, en réponse à la politique de De Gaulle et des colons, le Président Ferhat Abbès prononça le 16.12.1960, un discours sous forme d'appel dans lequel il loua le courage du peuple et son attachement à l'indépendance nationale, qui a mis en échec la politique colonialiste et les crimes commis contre les civils isolés. 6- Résultats des manifestations Les manifestations populaires avaient mis à nu aux yeux du monde la réalité criminelle et l'horreur du colonialisme français et exprimé l'unité du peuple algérien, sa mobilisation derrière le FLN ainsi que son attachement à ses principes et à la liquidation de la politique de De Gaulle contenue dans l'idée de "l'Algérie algérienne" ainsi que celle des colons "l'Algérie française". Au niveau international, les manifestations populaires avaient démontré un soutien sans réserve au FLN. Ainsi, l'ONU fut convaincue de la nécessité d'inscrire à l'ordre du jour de ses travaux le dossier de la question algérienne en faveur de laquelle la commission politique de l'Assemblée Générale a voté, rejetant les arguments français visant à tromper l'opinion publique internationale. Les manifestations eurent également pour conséquence l'élargissement du cercle de soutien au peuple algérien à travers le monde , notamment dans le monde arabe et même en France où les populations avaient organisé des manifestations de soutien qui eurent une influence indéniable sur les peuples à travers le monde. La France entra donc dans un tourbillon de luttes internes et fut l'objet d'un isolement au niveau international suite à la pression des peuples. De Gaulle a contraint d'envisager des négociations avec le FLN, unique représentant légitime du peuple algérien : C'était là l'unique espoir de sauver la France d'un effondrement total.