Les riverains de la cité Le Caire (ex-la Pinède) se mobilisent contre un projet de promotion immobilière, initié par un particulier, jugé contraire à l'esprit du quartier. Cité des Cheminots, cité Lévy ou Beaumarchais, cela fait déjà plusieurs années que ces anciens quartiers de la capitale des Hauts- Plateaux subissent de plein fouet l'épuration sociale infligée par les nouveaux projets immobiliers. C'est précisément dans un autre quartier, sur le site d'une belle pinède, à la cité Le Caire, qu'un nouveau chapitre de cette évolution est en train de s'écrire au grand mépris des riverains. La cause : la construction, au sein de cette cité résidentielle, d'un immeuble grand standing (5 étages et un sous-sol) contre lequel riverains et citoyens des autres cités se mobilisent depuis plusieurs semaines. Une simple visite aux services de l'urbanisme de l'APC et de la DUCH de Sétif suffit pour comprendre la colère des riverains de la cité Le Caire. “C'est incroyable que les services concernés aient accordé le permis à la construction d'un tel immeuble, qui est totalement inadapté aux besoins du quartier et qui constitue un réel danger pour les habitations déjà existantes. D'autant plus que cette construction va se retrouver entre deux murs de soutènement. En plus, des dizaines d'arbres vont devoir être abattus”, s'insurge l'un des riverains. Même son de cloche chez les autres habitants de la cité. “Cette construction représente un danger public, car le terrain en pente est plus fragile, comme le témoigne l'existence de deux murs de soutènement. Or, on veut creuser aussi un sous-sol ! Le danger n'est pas après la construction mais pendant, car les bâtiments adjacents risquent de souffrir d'autant plus de l'inclinaison du site”, affirment-ils. C'est la seconde fois, en l'espace d'une année, que les habitants de la cité Le Caire protestent contre l'édification d'un tel projet. En effet, l'année dernière, un promoteur sur le même site, s'est vu délivré, avec un faux plan, un permis de construire pour l'édification d'une bâtisse comprenant un RDC+6. Saisi par les riverains, le wali de Sétif avait ordonné la mise sur place d'une commission d'enquête. Les résultats de cette dernière étaient sans équivoques : la bâtisse constitue un danger réel pour les habitations avoisinantes qui risquent de s'effondrer lors des travaux. De même que la Protection civile et la Conservation des forêts avaient émis un avis défavorable. Fort de ces arguments, le premier responsable de la wilaya, instruit alors les services de la DUCH pour faire annuler le permis de construire. Le promoteur se verra notifié, par la direction de l'urbanisme, l'annulation de son permis de construire et l'interdiction formelle de construire ou d'intervenir sur le site. Interdit donc de construire, le promoteur cédera la parcelle de terrain à une autre personne. Cette dernière présentera le même plan que le premier. Seul différence le nombre d'étage qui passe de six à cinq. A la surprise des riverains, le nouveau promoteur obtient le permis de construire avec l'avis favorable de tous les services concernés, y compris la Protection civile et la Conservation des forêts qui avaient auparavant émis un avis contraire sur le même plan. Mis, encore une fois, devant le fait accompli, les habitants de la cité la Pinède vont sans doute observer la disparition des derniers pins de leur quartier. En attendant, ils sont décidés à aller jusqu'au bout pour préserver le dernier carré de verdure encore existant à Sétif et protéger leur quartier de la défiguration architecturale et urbanistique. La balle est dans le camp de l'administration afin de mettre un terme à ce bétonnage tous azimuts. I. Sellami, Le Soir d'Algérie