Dans le contexte de compétition territoriale actuelle, certaines villes algériennes veulent se donner les moyens de réaliser des projets urbains prestigieux à la mesure du rang qu'elles occupent à l'échelle régionale, voire nationale, Sétif n'échappe pas à cette règle. Le site du projet tenterait n'importe quel investisseur, vu sa position stratégique en plein centre-ville, franchissant le parc d'attractions « la Citadelle ». Le projet « El Ali » a pour bailleur de fonds la Cnep-Banque et pour maître d'ouvrage depuis 1998 la SPI-Cnep-Immo héritière de l'ex-Spie restructurée. Ce site regorge également de vestiges romains et il est curieux que l'APC de l'époque ait décidé de livrer ce terrain à un promoteur immobilier privé pendant quelque temps avant de le mettre en adjudication et le céder finalement à la Cnep. Les enjeux doivent être de taille et les autorités locales voyaient déjà un projet prometteur pour la ville. L'idée du projet Sétif El-Ali (SEA) a vu le jour au niveau de la direction de la Cnep lorsque le terrain actuel a été mis en adjudication par l'APC en 1993. Le terrain d'une superficie de 8052 m2 a été acquis au prix de 28.182.000 DA ce qui donne un coût d'environ 3500 DA le mètre-carré, prix maximum d'acquisition à l'époque en référence au texte relatif au prix de cession de terrains par les Domaines. Le prix était raisonnable vu l'endroit où se trouve ce terrain. Le programme retenu initialement comportait 156 logements « Promo », un grand centre commercial, parking sous-sol. L'ouvrage est réalisé entièrement dans sa phase gros œuvres. La décision de reconvertir le projet SEA (1569 logements, commerces, parkings) en un projet d'hôtel 5 étoiles démontre les difficultés du maître d'ouvrage à définir des objectifs clairs, en pleine période de mutations économiques et sociales. En 1993, la Cnep a voulu s'initier à l'investissement dans de grands projets, mais le processus s'est fait d'une façon hâtive sans une étude adéquate et réelle du marché. La recherche d'une société de management, parmi les grandes chaînes hôtelières à l'échelle internationale afin de garantir une gestion optimale pour l'hôtel 5 étoiles a mené tôt en 2001 à la rencontre d'un partenaire « Turc Mesa », qui a manifesté beaucoup d'intérêts à ce projet, il a même fait une proposition très élaborée du projet de reconversion. Les autorités locales lui ont même proposé de réaménager le parc d'attractions, pour mieux servir le projet « El Ali ». L'une des leçons à tirer de cette expérience, c'est qu'il est inconcevable aujourd'hui de lancer un projet avant de connaître et fixer les objectifs d'une manière exacte. Le cas du SEA est très éloquent pour montrer à quel point un projet sans objectif précis pourrait cumuler du retard dans sa réalisation et les surcoûts que cela puisse entraîner. Le projet El Ali restera « haut » pour ses gros œuvres de bâtiment dont les travaux sont à l'arrêt depuis 2003. 16-07-2007 H. Mustapha, La Nouvelle République