Les Albanais majoritaires dans cette province sont arrivés au bout de leur revendication. Le nouvel Etat kosovar devrait être reconnu rapidement par les Etats-Unis et les grands de l'UE. Belgrade et la Russie y sont farouchement réfractaires Le Kosovo a proclamé son indépendance. Depuis des générations, les Albanais majoritaires dans cette province revendiquent un Etat affranchi de la tutelle serbe. L'option est rejetée par la Serbie qui y voit une machination de plus fomentée par l'Occident dans le but d'atomiser ce qui reste de la Yougoslavie historique. Le Parlement du Kosovo s'est réuni hier pour proclamer officiellement l'indépendance. L'heure est historique. Le nouvel Etat devrait être reconnu rapidement par les Etats-Unis et les grands pays de l'Union européenne. Mais Belgrade et la Russie rejettent l'option et disent ne pas reconnaître cet Etat qu'ils jugent imposé. Dans la capitale Pristina, la population a fêté le nouveau statut du pays. Des dizaines de milliers de Kosovars ont arboré leur drapeau (aigle noir bicéphale sur fond rouge). Le drapeau des Etats-Unis était aussi de la partie. L'hyper-puissance demeure le premier soutien du Kosovo. La proclamation d'indépendance de cet ancien « siège du royaume médiéval serbe » constitue la dernière étape du démantèlement de l'ex-Yougoslavie. Cette dernière, puissante fédération sous Tito, était formée de six Républiques. Depuis 1991, la Slovénie, la Croatie, la Macédoine, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro ont arraché leur indépendance. Il ne restait que le Kosovo. L'indépendance de ce dernier devrait être promptement reconnue par les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie. Ce qui n'est pas du goût de Belgrade. De plus, les Serbes du Kosovo qui représentent un peu moins de 10% de la population appréhendent le futur avec pessimisme. Le président serbe Boris Tadic a juré de ne pas les abandonner. La Serbie a « annulé » toute décision jugée « illégale » des autorités kosovares conduisant à une indépendance et prévenu qu'elle s'y opposerait par tous les moyens « diplomatiques, politiques et économiques ». L'indépendance voulue et poussée par les Occidentaux sera encadrée par l'Union européenne. Cette dernière reste néanmoins divisée. La peur d'encourager les séparatismes paralyse des Etats comme Chypre, la Grèce, l'Espagne, la Bulgarie, la Roumanie, et la Slovaquie. Mais, en dépit de ces divisions, l'UE a décidé sans même attendre l'aval de l'ONU, de déployer au Kosovo une mission de 2 000 policiers et juristes pour accompagner les premiers pas de l'Etat nouveau. Une mission considérée par Belgrade et Moscou comme une véritable « invasion ». Les troupes de l'OTAN doivent prendre la relève de la mission de l'ONU au Kosovo (Minuk). Cette dernière administre la province depuis la fin de la guerre (1998-1999). Mais l'avenir du Kosovo demeure flou. Une sécession du nord du Kosovo, où vivent 40 000 des 120 000 Serbes présents dans la province, n'est pas à écarter avec son corollaire de tension et de risque de déflagration.