Proclamation n C'est hier, dimanche, que les Albanais du Kosovo ont réalisé le rêve de plusieurs générations. Le Parlement kosovar a proclamé, hier, l'indépendance de la province du sud de la Serbie à majorité albanaise. «A partir de maintenant, le Kosovo a changé de position politique, nous sommes désormais un Etat indépendant, libre et souverain», a déclaré le président du Parlement après le vote de la déclaration d'indépendance. La nouvelle a été accueillie par des hourras dans les rues. La fièvre s'est emparée de Pristina qui vibre aux cris de «Indépendance», accompagnés de concerts de klaxons et de pétards. Des dizaines de milliers de Kosovars, habitant la capitale ou venus de province, arborant le drapeau albanais mêlé à celui des Etats-Unis, ont envahi les rues. Le Kosovo devrait être rapidement reconnu indépendant par les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie. Mais Belgrade, soutenu par Moscou et les Serbes du Kosovo (un peu moins de 10% de la population) y sont opposés. «Je n'abandonnerai jamais la lutte pour notre Kosovo», a juré le président serbe. Par avance, la Serbie a «annulé» toute décision «illégale» des autorités kosovares conduisant à une indépendance et prévenu qu'elle s'y opposerait par «toutes les mesures diplomatiques, politiques et économiques», ajoute-t-il. L'indépendance du Kosovo, coordonnée avec les Occidentaux, se fera sous supervision internationale. L'Union européenne (EU) est cependant divisée sur la question et les ministres des Affaires étrangères des Etats membres devraient simplement «prendre note» aujourd'hui lundi de la proclamation. La plupart sont prêts à reconnaître le Kosovo indépendant. Mais, craignant que cela n'encourage les séparatismes, six Etats (Chypre, la Grèce, l'Espagne, la Bulgarie, la Roumanie et la Slovaquie) devraient s'abstenir, du moins dans un premier temps. Malgré ces divisions, l'UE a décidé, sans l'aval de l'ONU, de déployer au Kosovo une mission de quelque 2 000 policiers et juristes pour «accompagner» les débuts de l'indépendance. Cette mission, à laquelle Belgrade et Moscou sont opposés, doit, lors d'une période de transition de 120 jours, prendre la relève de la Mission de l'ONU au Kosovo (Minuk), qui administre la province depuis la fin de la guerre (1998-1999). Parmi les scénarios désormais possibles figure une sécession du Nord, où vivent 40 000 des 120 000 Serbes présents dans la province.