a Fondation du 8 Mai 1945 veut faire de la journée historique qui porte ce nom une fête nationale officielle, à l'instar du 1er Novembre et du 5 Juillet, et a lancé un appel dans ce sens aux pouvoirs publics à travers son président, Boukherissa Kheireddine, qui a présidé hier une rencontre au cinéma l'Algeria, co-organisée par l'APC d'Alger-centre et le Centre du moudjahid de Réghaïa. Une rencontre commémorative et non pas festive, tient à préciser ce dernier, dans le sens où le programme tracé ambitionne d'aborder divers aspects de la question en faisant appel à des avocats tels que Miloud Brahimi, Messaoud Khouader et Souilah Boudjemaa et à des témoins ayant pris part aux événements qui ont constitué un tournant décisif dans la lutte de l'Algérie pour son indépendance. Il s'agit d'un certain Larbi Azzouz, âgé aujourd'hui de 90 ans, et qui vécut cette glorieuse page de notre histoire dans la ville de Sétif. En dépit de son âge avancé, il a la mémoire intacte s'agissant de cette étape de sa vie, et c'est non sans émotion qu'il la raconte aux journalistes présents à cette rencontre. Il n'oubliera rien de sa condamnation à mort pendant 18 mois, ni de son emprisonnement pendant 17 ans, dont 2 à la prison d'El Harrach où il côtoya Rabah Bitat et Mohamed Khemisti. A propos de la journée du 8 mai, il se rappellera un certain Chaal Bouzid, qui manifestait en arborant fièrement le drapeau algérien et qui a été abattu par le commissaire de la ville. Au-delà de ce type de témoignages qui valent leur pesant d'or, a fortiori quand ils émanent de personnes les ayant elles-mêmes vécus, la Fondation du 8 Mai 1945 veut aller de l'avant dans la recherche de la vérité sur notre propre histoire. Son président déplore que tout ne soit pas fait dans ce sens, notamment s'agissant de l'enseignement de l'histoire dans les écoles et de la sensibilisation des enfants sur l'importance de celle-ci au sein de leurs propres familles. Et c'est en direction de ces deux noyaux que la fondation compte agir pour réhabiliter cette matière. « Nous espérons à travers cette conférence du nouveau, ne serait-ce qu'une réponse à ce qu'a dit récemment l'ambassadeur de France […] Les gens parlent depuis 1945 mais a-t-on réussi à écrire notre histoire ? L'école algérienne s'occupe d'autre chose, nos enfants achètent des livres sur Harry Potter à 3 000 DA alors qu'ils ne connaissent pas grand-chose sur leur histoire, c'est ce type de réformes dont on a besoin ! » déplore notre interlocuteur qui estime que la journée du 8 Mai aurait dû être prioritaire à celle du 1er Mai, laquelle a une dimension internationale. Et de conclure en plaidant pour « le nettoyage » de notre histoire aussi bien du côté français que du nôtre. La moudjahida Louisette Ighilahriz abondera dans ce sens en évoquantl'exemple des juifs qui ont réussi à faire traduire en justice les responsables de l'Holocauste, à obliger l'Allemagne à reconnaître ses crimes et à verser d'importantes indemnités. Cela, dira-t-elle, au moment où l'Algérie continue à tourner autour du pot. Aussi lance-t-elle un appel en direction du ministre de l'Enseignement supérieur pour que l'université algérienne prenne en charge cette question.