Le football à Sétif, c'est, bien sûr, l'Entente, ultra-médiatisée, avec ses deux titres de champion d'Algérie, son statut de champion d'Afrique (en 1988) et ses six coupes d'Algérie. C'est aussi l'USMS, le club doyen, créé en 1933, avec ses prestigieux joueurs d'antan (Rachid Mekhloufi, Abdelhamid Kermali, Hocine Saoud et autre Mohamed Griche) et sa toute récente - et historique - participation à la finale de la coupe d'Algérie. Curieusement, le club qui s'est le plus identifié à la lutte de libération nationale, et qui a compté dans ses rangs près de 40 chahids, semble voué à l'oubli et se morfond depuis de longues années dans les profondeurs des classements des divisions inférieures. Même si son palmarès n'est en rien comparable à celui des deux autres clubs sétifiens (quand bien même le SAS est détenteur d'une coupe d'Algérie en catégorie « juniors »), le Stade Africain reste, à Sétif, le club qui osa faire un pied de nez à l'occupant français en choisissant d'opter pour une tenue aux couleurs nationales. Créé le 20 septembre 1947 par un groupe de militants du PPA-MTLD, deux années seulement après les massacres du 8 Mai 1945, le SAS prit l'initiative d'organiser, le 2 novembre 1949, un des premiers grands tournois de football au stade municipal de Sétif. Un stade, cela vaut la peine d'être mentionné, qui porte aujourd'hui le nom du chahid Mohamed Guessab, son ancien joueur, tombé au Champ d'honneur. Les joueurs du Stade Africain arborèrent à l'occasion de ce tournoi, une tenue vert-blanc-rouge, irritant fortement, par cette audace, les autorités coloniales. Celles-ci firent convoquer l'ensemble des joueurs et des dirigeants par la police pour un interrogatoire musclé au commissariat central. Cet épisode m'empêchera pas le SAS de poursuivre, sous le couvert de la pratique du football, ses activités politiques au sein du PPA-MTLD. Le 1er Novembre 1954, le club cessa toute activité, joueurs et dirigeants ayant rejoint l'Armée de Libération Nationale. Beaucoup sont tombés en héros, comme Kouider Feria, Hassen Ghedjati, Mohamed Kerouani, Laïd Cheraga ou Saâd Deghiche. Les péripéties qui ont marqué le cheminement du SAS, une fois l'indépendance recouvrée, ont été, pour certaines, gratifiantes (victoire en 1967 en finale de la coupe d'Algérie juniors), d'autres beaucoup moins glorieuses, comme la dissolution du club en 1982 du fait du retrait de l'administration des forêts qui parrainait jusqu'alors le club, et en raison, aussi, il faut bien l'avouer, de puériles querelles de clocher entre dirigeants. Par bonheur, l'équipe renaîtra en 1989, mais le SAS n'en finit pas, faute de moyens, de manger son pain noir. C'est pourquoi, les dirigeants actuels, à leur tête Kamel Mahdadi, lancent un SOS en direction des pouvoirs publics pour une aide susceptible de contribuer à redonner un peu de son lustre au Stade Africain. Un club, est-il nécessaire de le rappeler, qui a toujours affiché, même sous la géhenne, son militantisme pour la cause nationale et qui, sur le plan sportif, enfanta, à la grande joie de l'ESS et de l'USMS qui ne se gênèrent pas pour les enrôler, les Cheniti, Zaghlaoui, Fellahi, Benzine ou encore les frères Boukhrissa. Adel Mahmane, Source : Quotidien d'Oran