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Porte du voile intégral : Faut-il l'interdire ?
Publié dans Sétif Info le 20 - 06 - 2009

Faut-il légiférer sur l'interdiction du voile intégral ? Ce qui n'était qu'une proposition d'enquête parlementaire d'un groupe de députés se transforme en débat national autour de l'adoption ou non d'une loi. L'approche de la question du port de la burqa ou du niqab, qualifié de marginal, divise la classe politique française. Est-ce la réédition du débat long et extrêmement controversé sur le port des signes religieux ostentatoires qui a précédé, il y a cinq ans, l'adoption de la loi sur l'interdiction de ces signes dans les lieux publics dont l'école.
Alors que la polémique enfle au sein de la classe politique, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il l'évoquerait aujourd'hui devant le congrès à Versailles. Il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy avait rappelé qu'en France, « toute jeune fille qui veut porter le voile peut le faire », en dehors des écoles publiques. Ce qui ressemblait à une mise au point au discours du Caire de Barack Obama dans lequel celui-ci avait critiqué les pays occidentaux qui décident « des vêtements qu'une femme doit porter ». Le député communiste de Venissieux (Rhône) André Gerin, auquel se sont ralliés 66 autres députés (majoritairement UMP), a déposé le 8 juin une proposition de résolution pour la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la burka et le niqab en France.Pour André Gerin, une loi sur le port du voile intégral dans les lieux publics n'est pas une priorité. Il s'agit plutôt, selon lui, de « reprendre en main la laïcité en France » via une commission parlementaire. Celle-ci aurait pour mission de « définir des propositions afin de lutter contre ces méthodes qui constituent une atteinte aux libertés individuelles sur le territoire national ». Une réflexion à laquelle seraient associés les représentants des communautés musulmanes, mais aussi les associations féminines.
« Ne pas voir le visage d'une femme voilée pose problème »
Et il y a urgence, soutient le député-maire, qui cite en exemple la situation à Venissieux. « Ne pas voir le visage d'une femme voilée pose problème. Les petits conflits se multiplient à la sortie des écoles, à l'occasion de la célébration d'un mariage ou pour la confection de papiers d'identité. N'importe qui peut se cacher sous la burqa ! »Le projet de résolution, initié par André Gerin, établit une distinction entre le port du voile islamique et celui de la burqa. « Si le foulard islamique constituait un signe distinctif d'appartenance à une religion, nous sommes là au stade extrême de cette pratique. Il ne s'agit plus seulement d'une manifestation religieuse ostentatoire, mais d'une atteinte à la liberté de la femme et à l'affirmation de la féminité. Vêtue de la burqa ou du niqab, elle est en situation de réclusion, d'exclusion et d'humiliation insupportable. Son existence même est niée ». Majoritaire en France, l'Islam malékite ne prescrit pas de voile intégral et n'appartient ni aux obligations religieuses classiques ni aux traditions du Maghreb comme l'a réaffirmé le recteur de la Grande Mosquée de Paris, seul responsable cultuel musulman qui s'est clairement prononcé contre le niqab. Le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, interrogé par le figaro.fr, soutient la démarche des députés, « à condition que la commission soit un moyen de dialoguer avec les responsables de l'Islam ». « La solution réside plutôt dans la compréhension des racines de ce problème », qui s'apparente à ses yeux à une « hyper affirmation identitaire et à une panne de l'intégration. »
Que faire ?
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) s'est opposé, samedi, à toute procédure de remise en cause du voile intégral ou « burqa » et demandé à Nicolas Sarkozy de défendre la liberté individuelle.Dans un communiqué, le CFCM « s'interroge sur l'opportunité réelle de cette démarche et réitère sa ferme opposition à la mise en place d'une telle commission ». « Le CFCM entend faire part de sa profonde préoccupation quant à la façon dont est évoqué ce sujet qui risque encore une fois de stigmatiser gravement l'Islam et les musulmans de France », ajoute le CFCM. Auparavant, son président, Mohammed Moussaoui s'est dit « choqué » par le projet de commission d'enquête parlementaire, sur un « phénomène », selon lui, « marginal ». « Cette initiative suscite beaucoup d'interrogations sur l'opportunité de s'emparer de ce sujet en période de crise ». Le secrétaire général de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), Fouad Alaoui a dénoncé quant à lui « une nouvelle manœuvre propre à encourager les amalgames » et regrette cette démarche qui intervient « justement quand on parle de l'Iran ».
Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a déclaré vendredi matin sur France 2 que « s'il s'avérait (...) que le port de la burqa était subi, c'est-à-dire que c'était contraire aux principes républicains, eh bien naturellement le Parlement en tirerait toutes les conséquences ». Interrogé sur l'éventualité d'une loi, il a répondu : « Pourquoi pas ». « Il y a un vrai débat devant nous, les parlementaires proposent une commission d'enquête, je crois que c'est important parce que ça doit nous permettre de voir plus clair sur le sujet », de « mesurer l'ampleur du phénomène et puis ensuite de prendre les décisions qui s'imposeront », a déclaré Luc Chatel. Fadéla Amara, secrétaire d'Etat à la Ville demande purement et simplement la suppression de cet habit « dégradant », « oppressif » qui « n'est que l'expression visible et physique des fondamentalistes et des intégristes ». « Au nom de la démocratie, de la République, du respect des femmes, (...) et des combats qu'elles ont menés, on doit tout faire pour stopper la propagation des burqas ». Plus nuancé, le ministre de l'Immigration, Eric Besson, n'a pas, pour sa part, jugé « opportun de relancer une polémique » sur les signes religieux : « La loi a déjà énoncé un certain nombre de règles du vivre ensemble, la loi dit qu'on ne peut pas porter le voile dans un certain nombre d'administrations, de services publics et à l'école. Un équilibre a été trouvé en France et il serait dangereux de le remettre en cause ».


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