El Roukoû lil thrara, tel est le titre choisi pour la pièce théâtrale montée par le Théâtre régional d'El Eulma et présentée en fin d'après midi du samedi à la maison de la culture Houari Boumediene de Sétif à l'occasion de la journée nationale de l'artiste. Ecrite par Abdelhalim Boucheraki et mise en scène par Aïssa Djekati, la pièce débute par une scène de torture effroyable. Cette pratique macabre exercée à grande échelle durant la guerre de libération par les sbires du général Bigeard (rôle confié au comédien Bouzida Wael) et consorts. L'officier, avec ses proches collaborateurs, et non moins sanguinaires, ne manquent pas d'exceller dans le supplice physique et moral à l'encontre de tous ceux et celles soupçonnés d'être « des fellagas ». Tel est le traitement réservé aussi au grand héro de la révolution, Larbi Ben M'hidi lors d'un interrogatoire que d'aucun qualifié d'abominables et d'inhumains. Et c'est dans cette ambiance macabre qui n'a rien à envier à celle d'un « abattoir » qui montre cependant un groupe de militants algériens, ligotés, suspendus, mutilés et lacérés, que les tortionnaires militaires français, de connivence avec les responsables civils de l'administration coloniale, tenteront vainement de soutirer des informations du « précieux » détenu sur les compagnons et encore moins sur l'organisation. Les tortionnaires ont agi sans compter sur l'opiniâtreté, le courage et la bravoure de Si Larbi. Rôle merveilleusement interprété par le comédien Hichem Kerkar. Devant la détermination du révolutionnaire Algérien et la leçon donnée par ce dernier à propos de l'amour et le sacrifice pour la patrie, les bourreaux de si Larbi ont subi une autre forme de torture, celle qui sonne telle une interpellation par le tribunal de l'histoire. Le public qui a, certes, apprécié la qualité du travail artistique et la belle prestation des comédiens, a eu, toute fois, a appréhender l'usage de l'arabe littéraire dans la pièce. En effet, d'aucuns estiment que l'arabe dialectal pour les personnages Algériens et le français pour les colonisateurs aurait sans doute donné plus de vitalité et de perspicacité dans la transmission des différents messages dans cette production marqué par un bon travail scénographique, signé Mourad Bouchhir. C'est l'association « Chabab Koun », présidée par Toufik Belgacem qui a pris cette belle initiative pour rendre hommage à cette grande dame qui a marqué de son empreinte le théâtre et le cinéma algérien dont la récente participation au festival de Cannes grâce au rôle que lui a confié Rachid Bouchareb dans le film « Hors la loi ». De son vrai nom Atika Boudraa qui est veuve de chahid, (un combattant du FLN durant la guerre d'indépendance) et que l'on surnomme communément « Lalla Aâini » depuis son célèbre rôle dans le grand feuilleton « Dar Sbitar » de Mustapha Badie, dans les années soixante dix, en passant par des centaines d'autres contributions, continue, en dépit du poids de l'âge, de servir l'art avec beaucoup de dévouement et d'amour.