Le ministre de l?Agriculture, Rachid Bena?ssa, vient d?annoncer une conf?rence nationale pour le renouveau agricole, alors que le secteur, en d?pit de tous les efforts du gouvernement, est toujours fui par la jeune g?n?ration. L?agriculture qui totalise 1,5 million de professionnels enregistr?s dans les diff?rentes chambres des services agricoles de wilaya (DSA) serait fortement menac?e par un probl?me de manque de rel?ve. Si une activit? soutenue et diversifi?e reste encore en vigueur, elle demeure entre les mains de la vieille g?n?ration dont certains se souviennent encore des fameux villages socialistes, du d?funt Houari Boumedi?ne, et des domaines autog?r?s. Selon les chiffres r?cemment communiqu?s par la Chambre nationale de l?agriculture, pr?s d?un demi-million d?agriculteurs ont aujourd?hui plus de 50 ans. Certes, le gouvernement, via ses multiples dispositifs de soutien, a tout tent?, ou presque, pour relancer l?agriculture, mais aussi contribuer ? stabiliser les populations rurales en leur apportant autant de confort de vie que possible. Mais, malgr? de multiples r?formes lib?rales, les campagnes de soutien de l?Etat et les effacements successifs des dettes des professionnels, l?agriculture n?arrive toujours pas ? captiver la jeune g?n?ration qui pr?f?re suivre le mouvement d?exode vers les villes. Selon plusieurs sondages effectu?s par des instances concern?es sur le terrain, les jeunes font parfois le premier pas sur les traces du p?re ou, comme dans le cas des ing?nieurs agronomes r?cemment dipl?m?s, tentent l?aventure agricole mais sont vite rattrap?s par la d?sillusion. Les jeunes sont, semble-t-il, vite d?courag?s par les entraves administratives et financi?res. Selon des chiffres rendus publics par le minist?re de l?Agriculture et du D?veloppement rural, il n?y a pas plus de 12.000 agriculteurs, soit pas plus de 1% de la profession, qui traitent avec les banques. Ce qui est insignifiant quand on voit les multiples effets d?annonce du gouvernement sur les efforts de la BADR et de la CNMA pour ?ponger, exercice apr?s exercice, les dettes cumul?es par les agriculteurs. Il est vrai aussi que les banques ne sont pas oblig?es de suivre les agr?ments de l?ANSEJ ou de l?ANDI, et pr?f?rent se fier ? leur propre expertise qui leur parle d?une plus grande rentabilit? dans l?agroalimentaire (fait ? partir de produits agricoles import?s) ou dans le conditionnement et l??levage, mais pas dans le lent et patient travail de la terre. De plus, la profession semble marqu?e par un leadership quant ? son organisation, laquelle ne veut pas rajeunir comme en t?moignent les figures en vue qui parlent toujours en son nom, en faisant souvent aussi de la politique plut?t que de s?occuper exclusivement de la terre. Pourtant, l?on ne compte pas moins de 1.200 organisations professionnelles et interprofessionnelles qui devraient ?tre, en principe, autant de cadres d?expression et d??panouissement pour les jeunes agriculteurs. Des organisations qui n?arrivent pas ? s?adapter ni ? tisser des ponts avec leur environnement, pour mieux ma?triser leur savoir-faire ou ? d?fendre les droits des agriculteurs. Enfin, plus de 90% des professionnels ne sont pas affili?s aux soci?t?s d?assurances. Il serait temps, alors, que l?Etat prenne le taureau par les cornes en s?attaquant de front au probl?me de la nature juridique des terres agricoles. Car, sans faire le plaidoyer d?une privatisation sauvage, le fait de ne disposer que d?un droit de jouissance perp?tuelle laisse encore les agriculteurs dans l?incapacit? de n?gocier face aux banques, lesquelles continuent d?exiger caution bancaire, hypoth?que et garantie de rentabilit?. Ce qu?un agriculteur n?a que tr?s rarement les moyens de fournir. Autant de questions qui seront, en janvier 2009, ? l?ordre du jour de la conf?rence nationale sur le renouveau agricole.