?Le th??tre du dire? en collaboration du ?Caf? litt?raire? du Th??tre r?gional de Sidi Bel Abb?s s?est offert une belle aventure sur les planches de la com?die alg?rienne et continue le dit des ?anciens?. L?animateur du groupe Abb?s Lacarne, concepteur des spectacles ?Akhir halqa? et ?Refrains d?hier et d?autrefois? et ses compagnons de sc?ne se sont engag?s dans une ?pop?e qui les a conduits face au public d?Adrar, connaisseur de surcro?t, dans le cadre de la semaine culturelle de Sidi Bel-Abb?s qui s?est d?roul?e du 5 au 12 janvier dernier. Durant cette manifestation, inscrite dans le programme des ?changes culturels inter-wilayas, ?Le th??tre du dire? a c?l?br? dans une forme du th??tre non conventionnelle, des proverbes, aphorismes de l?in?puisable Abderahmane Mejdoub dans ses ?Bibans? ? travers lequel la fable et l?allusion serviront de support pour s?attaquer aux caract?res aussi nobles qu?infect du ?bnadam (l?humain)?. Dans des tirades que le peuple sait d?crypter ? la seule force de son intelligence, du barde des B?ni Amers Che?kh Mestpha Ben Brahim -le plus controvers? de nos po?tes du melhoun-, et de Che?kh Benharrat. Les spectacles pr?sent?s par ?Le th??tre du dire?, avec l?interpr?tation de haut niveau des com?diens du ?cru? -en l?occurrence Lacarne, Abb?s Sedjerari, Miloud Hassani, M?hadji Bensa?d, Abdelkader Nebal, de Mohamed Sa?di, de Assel Abdelkader, de Abdelkader Chelaoua et de Sidhoum Fethi- donneront ? voir au public la grande Melhama des d?port?s de la Nouvelle Cal?donie. Pour situer le contexte, voil? ce que d?clarera lors de son proc?s m?morable en avril 1871, Che?kh Aziz Benhaddad qui sera condamn? ? mort et dont la peine sera commu?e en bagne en Cal?donie avec d?autres figures de la r?sistance alg?rienne entre autres Che?kh Boumezrag: ?Quant ? ceux que l?on retient loin de leur patrie, le c?ur de leurs proches meurt d?angoisse pour eux, ? cause de leur longue s?paration. On finit par les croire morts, car on ne peut s?occuper autant des absents que de ceux qui sont pr?sents. Or, en l?ann?e 1871, combien de gens se sont retrouv?s en prison pour r?volte ou en gages entre les mains du gouvernement pour des faits s??tant produits dans les ann?es ant?rieures et dont les tribus, parents et fr?res semblaient ne pas s?occuper? Et qui sait, si le plus grand nombre de tribus insurg?es en cette ann?e 1871 ne se composait pas de parents et de gens d?tenus en prison, qui donc se seraient r?volt?s contre le gouvernement avec r?flexion exclusive pour tous les autres, parce que leur c?ur ?tait d?chir? de ce que leurs fr?res ?taient en prison ou avaient ?t? mis ? mort. Et alors m?me que la prison eut ?t? au loin, les tribus de ces gens d?tenus en France, ont peut-?tre ?t? les premi?res ? se lancer dans la r?volte contre le gouvernement dans l?espoir de d?livrer leurs fr?res, leurs proches et leurs fils?. Pour souligner que cette forme tente de traduire une th??tralit? bas?e sur le document historique baign? de po?sie populaire, rappelant un peu en filigrane le chef d??uvre de Kaki, ?132 ans?. Le public d?Adrar aura certainement d?couvert une page glorieuse et douloureuse de notre r?sistance face ? l?obscure colonisation fran?aise. Abb?s Lacarne dira en substance lors d?une rencontre que le professeur Bencheneb a beaucoup marqu?e. Rappelons que Mohammed Bencheneb, dans son ouvrage, ?Proverbes de l?Alg?rie et du Maghreb?, publi? en 1905 aura cette r?flexion qui demeurent le fil conducteur des arts populaires: ?Il est pourtant ? peine besoin de rappeler la place privil?gi?e qu?occupent, dans le langage, les proverbes. Ils sont, disent les Arabes eux-m?mes, ?des flambeaux qui ?clairent les discours?. Les proverbes refl?tent l?histoire d?une civilisation et des id?es dont ils traduisent les transformations. Il y en a qui appartiennent ? certaines r?gions, ? des villes, ? des lieux-dits et aux plus petites localit?s. Parfois, ils font allusion ? des ?v?nements qui ont eu une importance ? une certaine ?poque, mais dont il a ?t? impossible de d?couvrir l?origine?. Le spectacle, ?Le th??tre du dire?, a ?galement utilis? l?improvisation ch?re ? la Commedia d?el arte. Par ailleurs, le rythme aura ?t? de la partie avec des instants de danse, de tbal, bendirs et tous les ingr?dients du ?trab?. Ainsi, la troupe ?Le th??tre du dire? a ?t? une bonne t?te d?affiche pour refl?ter pleinement le ?Masrah cha?bi?, durant une semaine de culture b?lab?sienne. Ainsi marchent le troubadour et ses compagnons et diffusent autant de m?moire que de sens ? la vie.