1?re partie Tr?s t?t, l??mir Abdelkader s??tait int?ress? ? la presse et ? son pouvoir. C?est ainsi qu?il faisait l?acquisition des journaux fran?ais et probablement anglais par l?interm?diaire de ses consuls. Il suit avec attention tout ce qui s??crit sur lui par la presse parisienne. De ce fait, il ?tait parfaitement au courant de l??tat de l?opinion publique en France. Il recevait r?guli?rement les journaux fran?ais. On lui traduisait les d?bats parlementaires, les articles de fond sur le probl?me alg?rien. Il se r?jouissait de voir le parti lib?ral approuvant et soutenant de tout c?ur le principe pos? par son porte-parole, M.Dupin, qui d?non?ait Alger comme un legs fatal de la Restauration, et qui devait ?tre ?vacu?, ?Si, s??criait-il, nous ne voulons y laisser jusqu?? notre dernier homme, jusqu?? nos derniers fils?. Abdelkader observait que le Parlement fran?ais tirait la conclusion pratique de cette argumentation, en refusant d?autoriser, par ses votes, le d?passement d?un effectif de 30.000 hommes, demand? par les g?n?raux fran?ais apr?s la d?sastreuse retraite de Constantine. Il notait que l?opinion fran?aise penchait de plus en plus en faveur d?une ?vacuation imm?diate de l?Alg?rie. Du ton g?n?ral des passages qui lui ?taient lus, il concluait que nombreux ?taient les hommes politiques fran?ais, et parmi les plus influents, qui consid?raient la colonisation en Afrique comme une utopie, et regardaient toutes les op?rations guerri?res qu?on y poursuivait comme autant de sang et d?argent gaspill?s, et fermement convaincus que la v?ritable politique de la France ?tait simplement de tenir quelques points le long de la c?te dans le but d?interdire le retour de la piraterie, et d?entretenir des relations paisibles et profitables avec les indig?nes. Tout cela contribuait ? le fortifier dans la conviction, qu?avec un peu de pers?v?rance militaire et parfois politique, il parviendrait ? obtenir des conditions qui le mettraient ? m?me de r?aliser son projet d?instaurer un Etat alg?rien ind?pendant? Mais tr?s t?t, l??mir avait compris ?galement que les informations v?hicul?es par cette presse ? la recherche de sensationnel relevaient souvent de la manipulation et de l?intox. L?on Roches, secr?taire et homme de confiance de l??mir Abdelkader durant une ?poque t?moigne: ?Le sultan recevant exactement les journaux, nous avons eu plus d?une fois l?occasion de nous divertir en lisant tous les mensonges consign?s sur ces diverses feuilles (voir la ?Gazette de France? des 2 et 3 ao?t; le ?Toulonnais? du 24 ao?t, du 2 septembre, du 9 septembre; la Gazette de France du 2 octobre; le ?Si?cle? du 7 novembre; le ?National? du 7 novembre, du 14 novembre; le ?Propagateur? des 6 et 7 novembre. A propos des comptes rendus de la presse parisienne et alg?roise sur le si?ge de A?n Madhi, l??mir Abdelkader confie ? son secr?taire fran?ais: ?Il m?est impossible de croire ces journaux?, disait l?Emir ? L?on Roches, ?puisqu?ils tuent chaque jour des gens qui se portent si bien. Cette habitude d?ins?rer des articles sans rechercher leur authenticit? est vraiment d?plorable?.