CCVII?me nuit (Suite) ?Eh quoi! Prince, s??cria-t-il, appelez-vous une faible marque de votre reconnaissance, lorsque vous ne me devez rien, un pr?sent d?un prix inestimable? Je vous d?clare encore une fois que vous ne m??tes redevables de rien, ni la reine votre m?re, ni vous. Je m?estime trop heureux du consentement que vous avez donn? ? l?alliance que j?ai contract?e avec vous. Madame, dit-il ? la reine Gulnare en se tournant de son c?t?, le roi votre fr?re me met dans une confusion dont je ne puis revenir; et je le supplierais de trouver bon que je refuse son pr?sent, si je ne craignais qu?il ne s?en offens?t: priez-le d?agr?er que je me dispense de l?accepter. -Sire, repartit le roi Saleh, je ne suis pas surpris que Votre Majest? trouve le pr?sent extraordinaire: je sais qu?on n?est pas accoutum?, sur la terre, ? voir des pierreries de cette qualit? et en si grand nombre tout ? la fois. Mais si elle savait o? sont les mines d?o? on les tire et qu?il est en ma disposition d?en faire un tr?sor plus riche que tout ce qu?il y en a dans les tr?sors des rois de la terre, elle s??tonnerait que nous ayons pris la hardiesse de lui faire un pr?sent de si peu de chose. Aussi nous vous supplions de ne pas le regarder par cet endroit, mais par l?amiti? sinc?re qui nous oblige de vous l?offrir, et de ne nous pas donner la mortification de ne pas le recevoir de m?me?. Des mani?res si honn?tes oblig?rent le roi de Perse ? l?accepter, et il lui en fit de grands remerciements, de m?me qu?? la reine sa m?re. Quelques jours apr?s, le roi Saleh t?moigna au roi de Perse que la reine sa m?re, les princesses ses parentes et lui n?auraient pas un plus grand plaisir que de passer toute leur vie ? sa cour; mais comme il y avait longtemps qu?ils ?taient absents de leur royaume, et que leur pr?sence y ?tait n?cessaire, ils le priaient de trouver bon qu?ils prissent cong? de lui et de la reine Gulnare. Le roi de Perse leur marqua qu?il ?tait bien f?ch? de ce qu?il n??tait pas en son pouvoir de leur rendre la m?me civilit?, en allant leur rendre visite dans leurs ?tats. ?Mais comme je suis persuad?, ajouta-t-il, que vous n?oublierez pas la reine Gulnare et que vous la viendrez voir de temps en temps, j?esp?re que j?aurai l?honneur de vous revoir plus d?une fois?. Il y eut beaucoup de larmes r?pandues de part et d?autre dans leur s?paration. Le roi Saleh se s?para le premier; mais la reine sa m?re et les princesses furent oblig?es, pour le suivre, de s?arracher en quelque mani?re aux embrassements de la reine Gulnare, qui ne pouvait se r?soudre ? les laisser partir. D?s que cette troupe royale eut disparu, le roi de Perse ne put s?emp?cher de dire ? la reine Gulnare: ?Madame, j?eusse regard? comme un homme qui e?t voulu abuser de ma cr?dulit? celui qui e?t entrepris de me faire passer pour v?ritables les merveilles dont j?ai ?t? t?moin, depuis le moment o? votre illustre famille a honor? mon palais de sa pr?sence. Mais je ne puis d?mentir mes yeux: je m?en souviendrai toute ma vie; et je ne cesserai de b?nir le ciel de ce qu?il vous a adress? ? moi pr?f?rablement ? tout autre prince?.