CCVII?me nuit Mais ils eurent tous la m?me pens?e: que sans en avoir demand? la permission, ils se trouvaient dans le palais d?un puissant roi, qui ne les avait jamais vus et qui ne les connaissait pas, et qu?il y aurait une grande incivilit? ? manger ? sa table sans lui. La rougeur leur en monta au visage; et de l??motion o? ils en ?taient, ils jet?rent des flammes par les narines et par la bouche, avec des yeux enflamm?s. Le roi de Perse fut dans une frayeur inexprimable ? ce spectacle, auquel il ne s?attendait pas et dont il ignorait la cause. La reine Gulnare, qui se douta de ce qui en ?tait et qui avait compris l?intention de ses parents, ne fit que leur marquer, en se levant de sa place, qu?elle allait revenir. Elle passa au cabinet, o? elle rassura le roi par sa pr?sence. ?Sire, lui dit-elle, je ne doute pas que Votre Majest? ne soit contente du t?moignage que je viens de rendre des grandes obligations dont je lui suis redevable. Il n?a tenu qu?? moi de m?abandonner ? leurs d?sirs et de retourner avec eux dans nos ?tats; mais je ne suis pas capable d?une ingratitude dont je me condamnerais la premi?re. -Ah! ma reine, s??cria le roi de Perse, ne parlez pas des obligations que vous m?avez; vous ne m?en avez aucune. Je vous en ai moi-m?me de si grandes, que jamais je ne pourrai vous en t?moigner assez de reconnaissance. Je n?avais pas cru que vous m?aimassiez au point que je vois que vous m?aimez: vous venez de me le faire conna?tre de la mani?re la plus ?clatante. -Eh! sire, reprit la reine Gulnare, pouvais-je en faire moins que ce que je viens de faire? Je n?en fais pas encore assez, apr?s tous les honneurs que j?ai re?us, apr?s tant de bienfaits dont vous m?avez combl?e, apr?s tant de marques d?amour auxquelles il n?est pas possible que je sois insensible. Mais, Sire, ajouta la reine Gulnare, laissons l? ce discours pour vous assurer de l?amiti? sinc?re dont la reine ma m?re et le roi mon fr?re vous honorent. Ils meurent de l?envie de vous voir et de vous en assurer eux-m?mes. J?ai m?me pens? me faire une affaire avec eux en voulant leur donner une collation, avant de leur procurer cet honneur. Je supplie donc Votre Majest? de vouloir bien entrer et de les honorer de votre pr?sence. -Madame, repartit le roi de Perse, j?aurai un grand plaisir ? saluer des personnes qui vous appartiennent de si pr?s, mais ces flammes que j?ai vues sortir de leurs narines et de leur bouche me donnent de la frayeur. -Sire, r?pliqua la reine en riant, ces flammes ne doivent pas faire la moindre peine ? Votre Majest?: elles ne signifient autre chose que leur r?pugnance ? manger de ses biens dans son palais, qu?elle ne les honore de sa pr?sence et ne mange avec eux?.