CCVI?me nuit (Suite) Je suis sa femme, et il vient de me d?clarer reine de Perse pour participer ? ses conseils. Je dis, de plus, que je suis grosse et que si j?ai le bonheur, avec la faveur du ciel, de lui donner un fils, ce sera un autre lien qui m?attachera ? lui plus ins?parablement. Ainsi, mon fr?re, poursuivit la reine Gulnare, bien loin de suivre votre conseil, toutes ces consid?rations, comme vous le voyez, m?obligent non seulement d?aimer le roi de Perse autant qu?il m?aime, mais m?me de demeurer et de passer ma vie avec lui, plus par reconnaissance que par devoir. J?esp?re que ni ma m?re, ni vous avec mes bonnes cousines, vous ne d?sapprouverez ma r?solution non plus que l?alliance que j?ai faite sans l?avoir cherch?e, qui fait honneur ?galement aux monarques de la mer et de la terre. Excusez-moi si je vous ai donn? la peine de venir ici du plus profond des ondes pour vous en faire part et avoir le bonheur de vous voir, apr?s une si longue s?paration. -Ma s?ur, reprit le roi Saleh, la proposition que je vous ai faite de revenir avec nous, sur le r?cit de vos aventures, que je n?ai pu entendre sans douleur, n?a ?t? que pour vous marquer combien nous vous aimons tous, combien je vous honore en particulier, et que rien ne nous touche plus que tout ce qui peut contribuer ? votre bonheur. Par ces m?mes motifs, je ne puis, en mon particulier, qu?approuver une r?solution si raisonnable et si digne de vous, apr?s ce que vous venez de nous dire de la personne du roi de Perse, votre ?poux, et des grandes obligations que vous lui avez. Pour ce qui est de la reine, votre m?re et la mienne, je suis persuad? qu?elle n?est pas d?un autre sentiment?. Cette princesse confirma ce que le roi son fils venait d?avancer. ?Ma fille, reprit-elle en s?adressant aussi ? la reine Gulnare, je suis ravie que vous soyez contente, et je n?ai rien ? ajouter ? ce que le roi votre fr?re vient de vous t?moigner. Je serais la premi?re ? vous condamner si vous n?aviez toute la reconnaissance que vous devez pour un monarque qui vous aime avec tant de passion, et qui a fait de si grandes choses pour vous?. Autant le roi de Perse, qui ?tait dans le cabinet, avait ?t? afflig? par la crainte de perdre la reine Gulnare, autant il eut de joie de voir qu?elle ?tait r?solue ? ne pas l?abandonner. Comme il ne pouvait plus douter de son amour apr?s une d?claration si authentique, il l?en aima mille fois davantage et il se promit bien de lui en marquer sa reconnaissance par tous les moyens qui seraient en son pouvoir. Pendant que le roi de Perse s?entretenait ainsi avec lui-m?me, la reine Gulnare avait frapp? des mains et avait command? ? des esclaves, qui ?taient entr?s aussit?t, de servir la collation. Quand elle fut servie, elle invita la reine sa m?re, le roi son fr?re et ses parentes ? s?approcher et ? manger.