CCVII?me nuit (Suite) -J?en sais une, repartit le roi Saleh en parlant bas; mais, avant de vous dire qui elle est, je vous prie de voir si le roi mon neveu dort; je vous dirai pourquoi il est bon que nous prenions cette pr?caution?. La reine Gulnare se retourna; et, comme elle vit Beder dans la situation o? il ?tait, elle ne douta nullement qu?il ne dorm?t profond?ment. Le roi Beder cependant, bien loin de dormir, redoubla son attention pour ne rien perdre de ce que le roi son oncle avait ? dire avec tant de secret. ?Il n?est pas besoin que vous vous contraigniez, dit la reine au roi son fr?re, vous pouvez parler librement, sans craindre d??tre entendu. -Il n?est pas ? propos, reprit le roi Saleh, que le roi mon neveu ait sit?t connaissance de ce que j?ai ? vous dire. L?amour, comme vous le savez, se prend quelquefois par l?oreille, et il n?est pas n?cessaire qu?il aime de cette mani?re celle que j?ai ? vous nommer. En effet, je vois de grandes difficult?s ? surmonter, non pas du c?t? de la princesse, comme je l?esp?re, mais du c?t? du roi son p?re. Je n?ai qu?? vous nommer la princesse Giauhare et le roi de Samandal. -Que dites-vous, mon fr?re!, repartit la reine Gulnare; la princesse Giauhare n?est-elle pas encore mari?e? Je me souviens de l?avoir vue peu de temps avant que je me s?parasse d?avec vous: elle avait environ dix-huit mois; et, d?s lors, elle ?tait d?une beaut? surprenante. Il faut qu?elle soit aujourd?hui la merveille du monde, si sa beaut? a toujours augment? depuis ce temps-l?. Le peu d??ge qu?elle a de plus que le roi mon fils ne doit pas nous emp?cher de faire nos efforts pour lui procurer un parti si avantageux. Il ne s?agit que de savoir les difficult?s que vous y trouvez et de les surmonter. -Ma s?ur, r?pliqua le roi Saleh, c?est que le roi de Samandal est d?une vanit? si insupportable, qu?il se regarde comme au-dessus de tous les autres rois et qu?il y a peu d?apparence de pouvoir entrer en trait? avec lui sur cette alliance. J?irai moi-m?me n?anmoins lui faire la demande de la princesse sa fille; et, s?il nous refuse, nous nous adresserons ailleurs, o? nous serons ?cout?s plus favorablement. C?est pour cela, comme vous le voyez, ajouta-t-il, qu?il est bon que le roi mon neveu ne sache rien de notre dessein, que nous ne soyons certains du consentement du roi de Samandal, de crainte que l?amour de la princesse Giauhare ne s?empare de son c?ur et que nous ne puissions r?ussir ? la lui obtenir. ?Ils s?entretinrent encore quelque temps sur le m?me sujet et, avant de se s?parer, ils convinrent que le roi Saleh retournerait incessamment dans son royaume et ferait la demande de la princesse Giauhare au roi de Samandal, pour le roi de Perse.