Ce qui n??tait que perceptible est d?sormais du domaine public. Le ministre fran?ais des Affaires ?trang?res et europ?ennes, Bernard Kouchner, a d?clar?, en substance, qu?il soutenait la proposition marocaine de l?option de l?autonomie du Sahara, dans une interview ? la revue Jeune Afrique. Invit? ? se prononcer sur le dossier du Sahara occidental, Bernard Kouchner a r?pondu de mani?re indirecte mais claire. ?Je constate que jusqu?ici le r?f?rendum n?a pas march??, a-t-il d?clar?, souhaitant, malgr? cela, la r?ussite de ?la m?diation men?e par les Nations unies?. A une question sur la difficult? pour Paris d?entretenir ?un certain ?quilibre entre Rabat et Alger, tout en soutenant le plan marocain d?autonomie interne?, Bernard Kouchner a affirm? que, si la question n?est pas simple, ?la France comme le Conseil de s?curit? jugent ?int?ressante? la proposition marocaine?, ajoutant qu??elle m?rite d??tre discut?e s?rieusement avec le Polisario et l?Alg?rie?. Le ministre fran?ais des AE a argument? sa position en affirmant qu?il ?sait de quoi il parle?, pour avoir ?t? ?l?un des tout premiers m?decins aupr?s du Polisario, en 1975-76?, pr?cisant qu?il s?est ?rapidement rendu compte du c?t? bloqu? de cette histoire?. Certes, pareille position fran?aise, souveraine de sa politique ext?rieure apr?s tout, n?est pas nouvelle. Bernard Kouchner ne fait que dire tout haut ce qui se savait tout bas, en raison de la solidit? des relations entre l?Alg?rie et la France, malgr? toutes les difficult?s conjoncturelles. Mais l? o? le ministre fran?ais semble commettre une erreur d?analyse, c?est quand il souhaite ?un accord entre le Maroc et l?Alg?rie? sur ce dossier qui ne cesse ?d?empoisonner leurs relations?. Pareil point de vue est, il faut le dire, exactement celui du Maroc qui, ? chaque fois qu?il pose le probl?me en ses propres termes, c?est-?-dire, entre lui et l?Alg?rie, alors qu?il n?est question de rien d?autre que d?un conflit entre le Maroc et la R?publique sahraouie. De plus, en se disant favorable ? la solution de l?autonomie du Maroc, on ne sait si, par-l?, Kouchner exprime un point de vue personnel ou officiel. Car, de toutes fa?ons, cela est en parfaite contradiction avec la position de l?ONU et celle de l?Union europ?enne, dont la France vient tout juste de quitter la pr?sidence tournante. Durant ce mandat semestriel d?volu ? la France, cette derni?re, au nom de l?UE, s??tait limit?e ? soutenir, une nouvelle fois, ?une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l?autod?termination du peuple du Sahara occidental?. Or, l?autod?termination, m?me si elle peut mener ? une hypoth?tique autonomie, n?en est pas le synonyme, pour la simple et bonne raison que cela suppose n?cessairement que les Sahraouis soient consult?s et donc qu?ils tiennent enfin leur r?f?rendum dont Rabat ne veut pas entendre parler. L?UE, par l?entremise de la France, avait ?galement, fin 2008, ?demand? aux (deux) parties de faire preuve de r?alisme et d?esprit de compromis, et d?engager des n?gociations de fond?, faisant allusion aux n?gociations de Manhasset. Quant ? l?ONU, dans sa r?solution 1813, il est clairement affirm? que l?objectif demeure ?une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l?autod?termination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d?arrangements, conformes aux buts et principes ?nonc?s dans la Charte des Nations Unies?. Si le Conseil de s?curit? a ?pris note de la proposition marocaine?, il a fait de m?me avec ?la proposition du Front Polisario pr?sent?e au Secr?taire g?n?ral le 10 avril 2007?, dont certaines parties, bien au fait du dossier, ne parlent curieusement presque jamais. Dans son interview ? Jeune Afrique, le ministre fran?ais des AE commet, ?galement, une autre erreur d?appr?ciation sur un autre dossier, le coup d?Etat en Mauritanie. Tout en saluant la position de l?Union africaine de ne pas reconna?tre les coups d?Etat dans le continent, Bernard Kouchner met l?Alg?rie dans la liste des pays de la r?gion qui seraient pr?ts ? faire des concessions au chef de la junte militaire qui a commis le putsch de Nouakchott. ?Tout le monde ou presque semble s??tre ralli? ? la solution Ould Abdelaziz: le Maroc, l?Alg?rie, la Libye, le S?n?gal?, a-t-il dit, oubliant, on ne sait par quel ?cart extraordinaire, qu?Alger a ?t? la premi?re capitale dans le monde ? d?noncer le coup de force contre Ould Abdallah et ? exiger le retour de l?ordre constitutionnel, avant de refuser de recevoir les diff?rents ?missaires de la junte et de jouer un r?le d?terminant dans la position prise par l?UA.