Les services de l?inspection du travail, en coordination avec leurs homologues de la caisse nationale de la s?curit? sociale, ont recens? 2.315 travailleurs non d?clar?s par leurs employeurs, ne b?n?ficiant ainsi d?aucune couverture sociale. Ce constat est fait au moment o? les accidents de travail, dont certains sont mortels, enregistrent une hausse importante dans les milieux professionnels. En t?moignent les victimes de la semaine derni?re, deux ma?ons morts suite ? des chutes dans des chantiers o? ils travaillaient. Selon des sources responsables de la caisse nationale de la s?curit? sociale ? Oran, charg?es du contr?le des chantiers, ?le recensement et l?identification des travailleurs non d?clar?s est intervenue suite ? une s?rie d?intervention et d?inspection dans les entreprises ?conomiques, les chantiers et les ateliers industriels relevant du secteur priv? dont la plupart emploie une main-d??uvre non d?clar?e?. ?Le secteur des travaux de construction et du b?timent arrive en t?te des secteurs dont les chefs d?entreprise recourent au recrutement d?une main-d??uvre non d?clar?e, en d?pit des risques ?normes et extr?mement graves auxquels sont expos?s les travailleurs dans les chantiers o? ils ne disposent m?me pas de moyens et outils de pr?vention et de protection contre le danger?, y pr?cise-t-on. Abdelkader K., ma?on travaillant pour une entreprise de travaux de b?timent implant?e ? Ha? El-Nour, confie: ?Je travaille pour cette entreprise depuis plus de trois ann?es et notre employeur nous a toujours fait croire, mes 23 coll?gues et moi, que nous ?tions d?clar?s et assur?s ? la CNAS. Mais ? quelle fut ma surprise en d?couvrant, apr?s une chute du deuxi?me ?tage survenue ? la fin de l?ann?e derni?re, que je n??tais pas d?clar?. Cela n?a pas ?t? facile pour moi qui ai eu la vie sauve mais avec plusieurs fractures et une longue p?riode d?hospitalisation.? Abdelkader ajoute: ?J?ai d?cid? de d?poser une plainte aupr?s de l?inspection du travail qui a ouvert une enqu?te sur mon cas et ceux des autres ouvriers du chantier o? j??tais engag?. R?sultat de l?enqu?te: seule 9 ouvriers sur les 23 employ?s par l?entreprise ?taient d?clar?s.? Ce type de d?passements ne se limite pas aux chantiers de travaux de constriction mais sont v?cus aussi dans des ateliers industriels qui activent en clandestinit? dans les zones extraurbaines. C?est ce que confirme Mlle C. Souhila qui occupe le poste de secr?taire dans une unit? industrielle sp?cialis?e dans la fabrication de chaussures. ?Je travaille dans cette unit? comme secr?taire depuis plus de deux ann?es et, ? ce jour, mon patron refuse de me d?clarer ? la CNAS pour la simple raison que c?est son ?pouse -femme au foyer- qui est d?clar?e ? ma place en tant que secr?taire?, raconte-t-elle. Notre interlocutrice ajoute: ?Je n?ai pu le d?noncer aux instances habilit?es par crainte d??tre mise ? la porte et de perdre mon gagne-pain alors que je suis responsable d?une famille de cinq membres.? A la lumi?re du nombre effrayant des d?passements enregistr?s, notamment, dans les ateliers et chantiers install?s dans les zones rurales, les services de la s?curit? sociale ont recens? au courant de l?ann?e derni?re 253 chefs d?entreprise non adh?rents ? la CASNOS. Un chiffre ressorti suite aux multiples interventions de contr?le et d?inspection effectu?s dans ces zones et ? l?issue desquelles 1.024 proc?s d?infraction ont ?t? ?tablis. Le ph?nom?ne du travail au noir prend ainsi de plus en plus des proportions inqui?tantes, aliment? par le besoin vital de travailler qu?expriment la quasi-totalit? des victimes, ce qui fait d?elles des proies faciles, certains patrons n?h?sitant pas de les exploiter au maximum en profitant de leur vuln?rabilit?.