Huit harraga originaires de la da?ra de Boukader (wilaya de Chlef) et dont l??ge varie entre 20 et 35 ans, viennent de parvenir sur les c?tes espagnoles, apr?s une longue et p?rilleuse travers?e clandestine de la M?diterran?e, ? partir d?une plage de la wilaya d?Oran. Parmi eux se trouve F.D., un jeune de 22 ans, sans travail et poss?dant un dipl?me de comptable qu?il n?a jamais pu faire valoir en Alg?rie. Port? disparu avec ses compagnons, depuis plusieurs jours, Djamel vient de donner signe de vie ? sa famille en lui t?l?phonant ? partir du centre des r?fugi?s espagnol o? il se trouve avec les autres membres du groupe. Depuis la disparition subite de la bande, qui avait l?habitude de se retrouver tous les soirs dans un coin de la placette de la ville de Boukader, leurs familles ?taient tr?s inqui?tes, mais elles n?ont jamais, semble-t-il, eu le moindre soup?on que leurs enfants ?taient attir?s par la harga. Selon son p?re qui a re?u la communication, Djamel regrette son acte qui ne l?a finalement men? que dans un centre insalubre pour r?fugi?s. De quoi mettre un terme ? tout r?ve d?une vie meilleure, hors de son pays natal. En racontant les pr?paratifs de son d?part, il avouera ? son p?re avoir pay?, comme chaque membre du groupe, la bagatelle de 130.000 DA. ?J?ai, dira-t-il, quitt? Boukader avec mes amis le samedi 4 avril, ? bord d?un taxi, ? destination de la ville d?Oran. L?, nous avons ?t? accueillis par un guide qui nous dirigera vers un endroit retir? pour les discutions d?usage et financi?re. On devait ensuite attendre la tomb?e de la nuit pour aller vers un lieu inconnu. Ce n?est que le lendemain, ? savoir dimanche 5 avril, ? 2h du matin, que le groupe, compos? de 8 harraga, prendra place sur un glisseur de 125 CV. Apr?s avoir parcouru plus de la moiti? de notre itin?raire, la marine espagnole mettra fin ? notre r?ve et nous confiera au centre des r?fugi?s?. Cette aventure, qui aurait pu ?tre autrement plus dramatique s?ils avaient coul? en cours de travers?e, Djamel et ses compagnons ne l?ont pas v?cue pour le plaisir, mais pour se refaire une autre vie, meilleure. Si la harga existe, cela est d? surtout au ch?mage, aux horizons bouch?s et ? l?absence de tout espoir de pouvoir pr?tendre vivre d?cemment en Alg?rie o? les jeunes sont livr?s ? eux-m?mes. Il faudrait donc trouver un rem?de ad?quat ? ce grave ph?nom?ne avant qu?il ne s?amplifie davantage.