L'Etat algérien va devoir importer un million de tonnes de ciment pour contrecarrer la spéculation enregistrée ces derniers mois sur le marché. Le boom de la construction,- l'Algérie s'est lancée depuis peu dans la réalisation de 2 millions de logements ainsi que diverses infrastructures de base comme les autoroutes- n'explique pas en partie cette tension sur un produit, au demeurant encore accessible il y a quelque temps. Le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Hamid Temmar, a beau expliquer que le gouvernement, pour faire face à la «grande spéculation» que connaît le marché national, va recourir à cette ultime solution. Est-ce la seule? Pourquoi dépenser autant d'argent pour un produit dont la production nationale a doublé de volume en l'espace de quelques années alors que la crise économique bat son plein? L'argent déboursé inutilement doit servir, d'abord, à d'autres projets prioritaires. Pourtant, le ministre répond clairement au problème lorsqu'il affirme que «l'Algérie ne connaît pas de problème de production de ciment et que les usines fonctionnent normalement et approvisionnent régulièrement le marché». L'Etat tout puissant n'arrive-t-il plus à contrôler et à régler un marché où la demande n'est pas identique, par exemple, que celle sur la pomme de terre où son contrôle devient très difficile? Un simple contrôle au niveau des différents points de vente de ce produit mènerait nos fins limiers à débusquer le spéculateur. La première mesure décidée a été de plafonner les prix du ciment et les marges des différents intervenants sur le marché national à travers l'élaboration d'un décret qui sera publié prochainement. Pourquoi a-t-il fallu attendre ce moment précis pour pondre une mesure administrative? La spéculation est le fait d'acheter n'importe quoi en anticipant une hausse. Tant que les gens achètent parce que ça va monter encore, ça continue à monter. Le concept est assez simple: Quand il y a une activité économique qui connaît une forte croissance, ça attire naturellement les «requins» qui y voient une façon rapide de dégager de gros bénéfices. A un moment donné, les prix proposés par les vendeurs vont atteindre des valeurs exagérées, au-delà de leur valeur réelle. Les prix augmentant, donc, artificiellement, sans plus aucun rapport avec la valeur réelle des biens, seulement parce qu'il y a un effet de mode et que tout le monde veut en tirer bénéfice. Ce «tout le monde», ce sont bien sûr surtout les spéculateurs, c'est-à-dire ceux qui ont beaucoup d'argent et dont le métier est de le faire fructifier. Par quel effet magique, le prix du ciment cédé à 500 DA au prix d'usine a atteint la somme de 700 DA sur le marché? Le ministre qui doit bien avoir, ne serait-ce qu'un début de la réponse, devrait, avant d'entamer une quelconque action, dépêcher des enquêteurs sur place au niveau de tous les points de vente pour débusquer les «spéculateurs» qui ont totalement pris en otage le marché du ciment. Les barons du ciment sont pourtant faciles à «repérer et à répertorier» à partir de registres de commerce ou de leur immatriculation fiscale sauf si le gouvernement évite de s'engager dans une bataille de peur de perdre la face. La production nationale de ciment couvre totalement les besoins des projets inscrits dans le programme quinquennal. La production nationale est même appelée à augmenter à travers, notamment, la réalisation d'une nouvelle usine à Djelfa pour une capacité de 3 millions de tonnes/an à l'horizon 2011, et ce, dans le cadre d'un investissement étranger, ainsi que le lancement de deux autres à Relizane et à Bechar par le groupe Sonatrach. Le secteur cimentier public a atteint la capacité nominale globale fixée à 11,5 millions de tonnes en produisant près de 11,6 millions de tonnes. Avec les extensions des capacités de production, la production de l'ensemble des cimenteries publiques dépassera les 18 millions de tonnes à partir de l'année 2012.