Animant, hier, une conférence au centre stratégique d'Echaâb, sur «le terrorisme électronique cas d'Al-Qaïda», le Dr Mohamed Adhimi, enseignant à la faculté des sciences politiques et de l'information de l'Université d'Alger, n'a pas ménagé l'école de Benbouzid, en la considérant comme étant un terreau permettant la mainmise de la doctrine salafiste sur l'esprit vulnérable des élèves. Pour le conférencier, l'école algérienne, non seulement, forme des enfants, «par-coeuristes» incapables de réfléchir et de distinguer le bon grain de l'ivraie, mais, pire encore, dispense des programmes en matière d'Education religieuse et autres disciplines constituant une pâte modelable pour les futurs terroristes. Idem pour le discours religieux dans les mosquées qui demeure, selon lui, très en retard, en ce sens qu'il nous fait revenir aux premiers siècles de l'ère hégirienne. Pour ce spécialiste de la communication, les Imams n'arrêtaient pas de nous sermonner par leurs prêches, par une sorte de discours à résonance moraliste. Oubliant dans la foulée les multiples innovations qui portent atteinte aux fidèles. Il tient à ce que la télévision sort de sa léthargie en ouvrant ses plateaux aux élites pour débattre de toutes ces questions considérées jusqu'ici du domaine de l'interdit. Graves accusations du Dr Adhimi, colonel à la retraite, qui est revenu tout au long de sa conférence sur les dangers du cyberterrorisme, en citant le cas d'Al-Qaïda dans le monde, notamment dans le monde arabo-musulman. Dans son livre qui va paraître incessamment, le Dr Adhimi recense quelques 6 000 sites d'Al-Qaïda. Il en a étudié environ 100, choisis comme échantillons, pour son enquête. Dans sa rétrospective, l'enseignant a souligné qu'Al-Qaïda a gagné la bataille médiatique en utilisant le réseau des réseaux. Depuis la diffusion du premier enregistrement vidéo de 52 minutes du numéro 1 de l'organisation, Oussama Ben Laden, en 1987. Al-Qaïda (base) se repartit en trois blocs, le premier militaire, le second religieux et théologique et le troisième médiatique. Ce dernier se distingue dès l'année 2003, avec la création d'un front médiatique islamique mondial. Une entreprise bien implantée sur la toile, qui dispose de bases de données, qui coordonne les actions terroristes menées sur le terrain et qui publie des tracts et des communiqués proférant des menaces à la face du monde. Un véritable instrument de propagande qui a su, au fil du temps, intégrer le monde virtuel, avec comme objectif la mobilisation de nouvelles recrues, explique le Dr Adhimi. Pour dissuader ses adversaires et gagner de nombreux fervents à sa cause, Al-Qaïda, qui ne reconnaît que la logique guerrière, s'est mise dans la nouvelle vague, en versant dans le loft story à l'image de la Star Academy , en créant le Djihad Academy. Une véritable machine meurtrière mondiale exportatrice de la mort. L'organisation de Oussama Ben Laden s'est même inscrit dans le Top 10 des meilleures attaques sur les forces américaines en Afganistan. Et largement utilisé la caméra cachée en Irak. Mais, le comble du ridicule est qu'elle est allée plus loin en instituant la coupe du monde des moudjahidine, un jeu diabolisant Bush et quelques gouvernants arabes. Ainsi qu'une université virtuelle des arts de la guerre et du combat. Des millions de visiteurs consultent ces sites subversifs auxquels s'ajoutent des chaînes TV diffusées sur le net à l'instar de Saout El Khilafa (la voix du Kalifat) ou encore El firdaous. Sa stratégie, à multiples cibles, sert entre autres à déformer l'image de ses adversaires, distiller les folles rumeurs sur les régimes et responsables arabes, fabriquer des récits et des histoires et semer la peur via les images de destruction et de cadavres mutilés. Selon le Dr Adhimi, les pressions psychologiques exercées par l'organisation sont terribles. Non seulement, elle justifie les opérations terroristes en s'appuyant sur les versets coraniques et les hadiths, en évitant le débat contradictoire, mais aussi verse dans le culte de la personnalité via les images de Ben Laden, renvoyant à l'arrière-plan des images de Ghar Hira (La grotte où s'étaient cachés le prophète Mohamed et son compagnon) ou encore ces images d'un cavalier arabe portant à la main une kalachnikov ou un micro d'El Jazeera, faisant de lui le chef incontesté et le sauveur des musulmans. L'entreprise médiatique d'Al-Qaïda ne s'arrête pas là, puisqu'elle répand des histoires fictives à la limite de la bizarrerie et exploite les instincts sexuels des jeunes en leur promettant le paradis et le mariage avec une dizaine de «houris». Comment contrer ces milliers de sites d'Al-Qaïda hébergés pour la plupart aux USA et en Europe, notamment sa branche maghrébine, Al-Qaïda pour le Maghreb islamique (AQMI), le Dr Berkouk, modérateur du forum, également éminent spécialiste des questions internationales, recommande une immunité collective contre le salafisme à l'instar de ce qu'a fait la Malaisie.