L'abandon des enfants et des mères célibataires au nombre de 166 à Aïn Témouchent est devenu un phénomène social des plus inquiétant et interpelle non seulement les gouvernants mais aussi la société civile, pour les inciter à engager un débat sérieux et en profondeur sur la question. Si certains enfants abandonnés ont eu la chance d'être pris en charge dans une structure sociale de l'Etat, d'autres restent livrés à eux-mêmes et sont exposés à tous les risques. Selon les services de l'assistance, chargés de l'enfance assistée à la DAS d'Aïn Temouchent, 64 enfants abandonnés ont pu être placés en 2008, au niveau du foyer des enfants assistés de Béni-Saf. Parmi eux, 38 ont été ramenés des deux wilayas de Bechar et Adrar, alors que les 28 autres sont d'origine témouchentoise. Selon notre source, 60 demandes de placement dans des familles d'accueil (Kafala), émanant des familles témouchentoises sont enregistrées à la DAS. On trouve parmi ces demandes, celles provenant de familles algériennes, installées à l'étranger, sachant que seize (16) enfants ont eu à profiter de cette opportunité. 86 familles adoptives ont bénéficié d'aides aux gardes payantes. Et de citer l'exemple d'une fille trisomique (mongolienne) assistée et qui se porte très bien, depuis qu'elle vit au sein d'une famille aisée connue pour sa piété. Au total, depuis l'année 1981, plus de 694 enfants assistés ont été placés en milieu familial. Cela n'empêche pas la présidente de l'association de wilaya de protection des enfants assistés et de la mère célibataire, Mme Belahcène, de tirer la sonnette d'alarme. Plus de 166 mères célibataires sont recensées dans la seule ville d'Aïn Temouchent, dit-elle, et le nombre d'enfants ainsi abandonnés par leurs pères biologiques est aussi important. «J'aurai voulu, dit-elle, que Mme la ministre de la Famille, Mme Nouara Djaâfar, vienne lors de sa dernière visite, toucher du doigt la situation réelle que vivent la mère célibataire et des enfants laissés sans assistance sociale. Les mères célibataires témouchentoises refusent même de déclarer leur situation sociale et celle de leurs enfants. D'un côté, elles craignent leur rejet par la société et, de l'autre, elles espèrent que les pères biologiques fassent preuve de sagesse et reconnaissent leurs enfants…» Ne pouvant plus se contenir, la présidente s'écria: «Je n'ai pas trouvé d'aide pour subvenir aux besoins de cette catégorie de mères. Je n'ai pu décrocher que trois cartes sociales, pour satisfaire trois mères célibataires qui ont besoin de soutien, de compréhension de la part de la société et surtout d'un travail pour se prendre en charge.» Pire, Mme Belahcene ne comprend toujours pas pourquoi la radio régionale d'Aïn Témouchent n'a pas jugé utile d'inviter l'association «Narjess», afin d'informer et de sensibiliser la population sur la situation des enfants abandonnés, à l'occasion des journées de l'enfance du 1er au 16 juin courant. «Pourtant, dit-elle, ce phénomène ravageur interpelle la conscience de toute la population temouchentoise !». Interrogé, un imam dira: «C'est une bombe à retardement, si les enfants issus d'unions illégitimes se sentent par la suite négligés par la société qui les entoure. Adultes, qui peut dire s'ils ne vont pas chercher à se venger de la société qui les a rejetés?».