Mardi en soirée, le Théâtre de verdure Chekroun-Hasni a vibré aux rythmes des chansons du patrimoine musical africain et de la musique kabyle aux sonorités rock, avec les concerts de la chorale Ebène et le groupe de musique moderne Belaïd Branis. Ebène est le nom donné à la chorale de la Radio algérienne qui a été récemment formée en prévision de la tenue du 2e Festival Panafricain. Les éléments de la chorale, qui se composent en grande majorité d'étudiants de diverses nationalités, ont été sélectionnés à la suite d'un casting et un grand nombre parmi eux ont été les élèves -au lycée ou au conservatoire- du professeur Abdelhakim Lemdani, qui dirige la chorale. La chorale, qui n'a que quelques mois d'existence, a pu déjà réaliser un répertoire d'une trentaine de chansons du patrimoine universel dont elle a pu présenter une partie lors de sa première production en public, au mois de juin dernier, à l'occasion d'un congrès des radios africaines. Le nom d'ébène donné à la chorale fait référence au bois précieux de couleur noire utilisé notamment pour la sculpture de statuettes et autres objets d'art africains et «symbolise la mémoire». En première partie de la soirée, la jeune et sympathique formation polyphonique Ebène a réussi à séduire les mélomanes oranais par un répertoire constitué d'un florilège des plus célèbres airs du patrimoine musical africain, qui ont été à différentes époques des succès planétaires, et que le chef de la chorale offrira comme «un cadeau à la jeunesse algérienne et africaine». Dans son récital, qui est une mosaïque qui regroupe tous les rythmes de la musique africaine, la chorale aura chanté l'Afrique dans toutes les langues. On y retrouvera, entre autres, du gnawi avec «El-Ghomari», de la musique sud-africaine avec «Malaïka» de Myrianm Makeba, du gospel «No more cry», du raï avec «Abdelkader ya Boualem», de la chanson kabyle, le succès de Dahmane El-Harrachi «Ya rayah», de la musique Cap-Verdienne avec «Saudade» de Cesaria Evora ou «Fatou yo» de Touré Kunda. En tout, une vingtaine de chansons présentées par des solistes ou des duos et reprises par un chœur fort de quarante voix. En deuxième partie de la soirée, le public sera convié à un tout autre registre avec Belaïd Branis et son orchestre rock qui créeront une ambiance bruyante et très électrique en gratifiant l'auditoire des meilleures pièces de leur répertoire fait de musique kabyle aux sonorités rock, dont leur ancien succès «Linda» qui sera repris en chœur par les férus de musique rock. Le chanteur talentueux est, en fait, en train de rééditer l'exploit du mythique groupe «Abranis», un groupe rock qui avait un succès fou dans les années 70. Et sa prestation d'avant-hier en soirée est là pour dire que la chanteur –fils de Karim, l'un des Abranis- est déjà très familier avec le dur métier de la scène. Il prouve aussi qu'il est apte à donner -à l'instar de ses parents- un souffle supplémentaire à la chanson kabyle en s'engouffrant dans un style qui ne suit pas les sentiers battus de la chanson kabyle. Malheureusement, le terrain n'offre pas toujours plus de possibilités à ceux qui veulent innover. «Avec le genre de musique que je fais, disait-il à un confrère, je ne trouve pas au studio les sons et mixages que je recherche.»