La Kabylie a vécu une fin de semaine assez mouvementée. A Tademaït, localité située à l'ouest du chef-lieu de wilaya, les travailleurs et commerçants ont observé une grève générale, mercredi matin, pour protester contre le fait que les oliveraies et la forêt de Sidi Ali Bounab soient brûlées. Ils ont appelé à ce que les deux gardes communaux, surpris en train de brûler ces oliveraies soient sévèrement punis par la justice. D'ailleurs, une information judiciaire semble avoir été ouverte contre ces deux gardes pyromanes. Il faut rendre ici hommage au maire de cette commune qui a réussi à juguler la colère des gens et à la canaliser avec ce moyen de protestation pacifique. Par contre dans la région des Ouacifs, ce sont des centaines de personnes, pour ne pas dire des milliers, qui se sont retrouvées dans la rue pour protester, haut et fort, contre les kidnappings dont la Kabylie semble désormais ne plus vouloir supporter les affres. Les observateurs de la scène sécuritaire locale affirment que les rapts sont en fait menés par des terroristes, avec une très forte implication du banditisme dont la jonction est d'ailleurs prouvée depuis longtemps déjà! Pour rappel, pas moins de cinq rapts ont été recensés dans cette région et, récemment, l'un de ses citoyens a pu, grâce à son réflexe, échapper à un kidnapping en forçant un faux barrage dressé par les terroristes. Ce même citoyen avait déjà vécu dans sa chair l'enlèvement de son frère en 2008 par les groupuscules armés et la famille avait dû payer, rubis sur ongle, une forte rançon pour voir les kidnappeurs libérer leur otage. Cette situation qui fait craindre le pire à tout un chacun et surtout aux personnes aisées, a donc fait réagir la population. Le mois de juin passé, c'était à Boghni que les habitants, excédés par ces enlèvements, ont tenu un rassemblement de protestation, et ce, suite à l'enlèvement d'un jeune commerçant de Beni Kouffi. Ce qui fait encore plus mal aux citoyens, c'est le fait que ces terroristes semblent très bien renseignés sur l'état financier des familles ciblées. Et cela semble ne pouvoir s'expliquer que par une certaine complicité, tant au niveau de certains villages, tant qu'ailleurs. Une chose est certaine cependant, c'est que devant la réaction des populations, les terroristes font toujours marche arrière, comme le démontrent les exemples de certains villages qui ont fait fuir des groupuscules armés, venus en principe pour la collecte de "l'impôt". C'est le cas de ces deux villages, situés dans la commune de Aïn Zaouïa, au sud de la wilaya, qui se sont fermement dressés devant ces terroristes armés et ont crûment dit à ces assaillants: "Vous pouvez tuer deux villageois, trois ou plus, mais le village s'en souviendra et finira par éliminer les vôtres!"