Cette année, les mélomanes bélabbésiens, notamment les férus de raï, ont découvert, avec un peu plus de clarté que ce phénomène musical ne drainait plus les foules vers les scènes, comme dans le temps. Il y aurait comme une extinction de voix, peut-être aussi que les nouvelles tendances ont pris le dessus, telles le rap, le hip-hop et bien d'autres vagues à l'odeur «amerlook». Cela dit, la résistance existe encore. Au stade du 24-Février, les nuits d'été des plus mordus qui ont daigné faire le déplacement ont flambé lorsque les chebs ont fait leur apparition. C'était le cas quand le poète et chanteur Mohamed Sahli, a fait son apparition, lui dont le «soul trab» -au verbe des «ajwads»- rappelle les grands chioukh que sont les Madani, Hamada et tant d'autres. Tour à tour, l'on aura été bercé par les trémolos des différents «chebs», pétris entre les sables du complexe des Andalouses et les singles des marchands de disque. Cette nouvelle race de chanteurs qui nait ainsi, produit des paroles si légères, si vague à l'âme que l'on ressent un pincement au cœur lorsqu'on songe au crescendo vocal de «Bakhta», reprise par le king Khaled, bien entendu. Sidi Bel-Abbès n'adoptent pas aisément les «stars» quand on sait que la cité de Mostfa Ben Brahim opte plutôt pour la force lyrique du melhoun où l'interprète se dissout dans le groupe dans une fusion émotionnelle et tout se confond, telle la chanson de Zargui «Dalali», véritable hymne bélabbésien. Depuis le 2 août, le festival se démène tant bien que mal et souvent dans la douleur pour rester dans un rythme accepté par le public, en majorité des adolescents. Même cas pour les locaux, à travers Cheïkh Nâam dont la popularité reste intacte avec son phrasé «typiquement abassi» et ses intonations fracassantes, d'autant plus que ses textes disent vrai. Il faut aussi noter la présence de l'invité surprise, lequel n'a pas manqué de «faire bouger» le stade. Il s'agit de Cheb Abdou, le chanteur qui a démontré qu'on ne pouvait juger un artiste que sur sa performance est sa seule vertu. Sa nuit aura été fugace et tranchante tout comme ses mots «crus», qu'on le veuille ou pas. Il y a eu aussi Raïna Raï, Raïna Hak, Bilal et Faudel, autant de noms qui se sont illustrés et qui continuent à briller.