«Il est inconcevable que je sois traité tel un charlatan», s'offusque le mis en cause, D.A., qui devait répondre du grief d'escroquerie et de charlatanisme. «Monsieur Le juge, dira ce dernier à l'intention du premier magistrat de la Cour d'appel d'Oran, je suis un homme pieux et dans bien des cas, je fais office d'imam, lorsque l'occasion se présente, bien sûr. Comment pourrai-je donc pratiquer du charlatanisme?» «Vous me le demandez?» lui répond le président de la Cour. Les faits de cette affaire remontent au 22 juin 2009, lorsque les policiers ont opéré une perquisition au niveau d'une habitation se trouvant à Saint Pierre et qui faisait l'objet d'une affaire de trafic de stupéfiants. Mais voilà au lieu de résine de cannabis, ce sont des herbes et plusieurs autres produits, utilisés par le charlatan, que les policiers trouveront. Arrêté ainsi que deux femmes qui se trouvaient sur les lieux, le mis en cause a été appelé, hier devant la cour d'appel, où il a complètement nié les faits retenus à son encontre. «Votre Honneur, je n'ai jamais eu recours à de telles pratiques». Le fixant du regard, le magistrat de l'audience lui lancera: «Et ‘le fasoukh', l'eau de fleur d'oranger et toutes les autres herbes, c'était pour faire quoi?» «Je vous l'ai déjà dit, Votre Honneur, je suis un raki», répond le taleb. «Un raki avec un carnet d'adresses comptant plusieurs noms, des femmes surtout. Et l'enquête a établi que vous entreteniez avec elles des relations illégitimes», dit le juge. «Ce n'est pas vrai, insiste le raki, ce sont de simples clientes.» Ce à quoi le juge répond par: «Des clientes venues chercher, sans doute, une potion afin d'attirer plus leurs maris ou qu'ils leur soient encore plus dévoués!» Ne sachant que dire, l'accusé baissera donc la tête. «Que vous ont-elles encore demandé de leur faire? dira une énième fois le magistrat de l'audience. Ont-elles pu vous procurer de l'eau utilisée par leurs maris dans leur bain ou autres choses?» Sentant que le magistrat de l'audience l'avait acculé, D.A. ne lâchera plus aucun mot. Après avoir terminé avec l'accusé, le président de l'audience se tournera vers les femmes, une mère et sa fille, B.K. et T.A. «Et vous, dira le juge, pourquoi êtes-vous allées le voir?» Ce fut T.A. qui prendra la parole en premier, expliquant au magistrat de l'audience qu'elle avait seulement accompagné sa mère, muette, chez D.A. Et ce dernier leur avait promis de la soigner. «Et l'a-t-il fait? Votre mère a-t-elle retrouvé la parole?» Confuse, T.A. prononcera des paroles à peine audibles. Lors de son réquisitoire, le représentant du ministère public a requis à l'encontre de D.A. une peine de deux ans de prison ferme. L'affaire a été mise en délibération.