Le Comité des Droits de l'Homme de l'ONU vient d'exhumer le fameux dossier des prétendues «prisons secrètes» en Algérie, révélé il y a environ deux années. Quelques jours seulement après avoir exclu la commission Ksentini en tant qu'interlocuteur du système des Nations-unis pour «défaut d'autonomie et de crédibilité», l'ONU décide de faire sa propre enquête, sans en référer à l'organisme officiel algérien. Mieux encore, elle a chargé les organisations et ligues autonomes des droits de l‘homme pour recueillir des informations sur ces prisons secrètes. En effet, les ONG algériennes auraient été saisies par courrier pour répondre à un questionnaire du comité relatif au sujet. Et c'est sur la base de ces réponses que le comité des droits de l'homme des Nations-unis élaborera son rapport annuel sur l'état des droits de l'homme en Algérie en général et cette histoire de «prisons secrètes» de façon particulière. Bien que cette démarche du CDH n'a pas été commentée ni confirmée officiellement par le gouvernement algérien qui n'a pas été mis au parfum, elle ne manquerait pas de compliquer davantage les relations entre l'Algérie et l'ONU en matière des droits de l'homme. Il y a quelques semaines, l'ONU a refusé à la commission de Ksentini l'accréditation qui lui aurait ouvert les portes de toutes les réunions qui se déroulent à l'ONU. Le Comité des droits de l'homme a estimé que la CNCPPDH n'est pas autonome dans son action pour mériter le statut d'ONG des droits de l'homme. Cela étant dit, l'exclusion de la CNCPPDH et la remise au goût du jour de ce dossier fumant et fumeux des «prisons secrètes» met sans doute notre pays dans une position inconfortable, celle du pays qui a quelque chose à cacher. En 2007 et 2008, le comité des droits de l'Homme de l'ONU avait évoqué pour la première fois l'existence de «centres secrets» sans trop de précisions. Le comité s'est procuré ces renseignements auprès des organisations des droits de l'homme en Algérie. Le Comité s'est dit alors «préoccupé par les nombreuses informations non gouvernementales faisant état de l'existence de centres secrets de détention, qui se trouveraient à Houch Chnou, Oued Namous, Reggane, El-Harrach et Ouargla» comme le rappelait utilement, hier, notre confrère TSA. Et comme par hasard, ce fut la commission Ksentini qui s'est jetée dans le charbon pour démentir ces informations et les qualifier «d'affabulations à haut débit et qui relèvent de la bouffonnerie». «Il n'y a pas en Algérie des centres de détention secrets et de pratique de la torture, ni pour les citoyens ordinaires ni pour les terroristes», a-t-il indiqué. Mais la cause était entendue et la CBCPPDH est cataloguée dans la rubrique des organisations «officielles» des droits de l'homme. Après avoir obtenu l'agrément en 2003, la Commission Nationale Consultative de Promotion et de Protection des Droits de l'Homme a réitéré sa demande en janvier 2008, conformément au règlement. Le Sous-comité d'accréditation du CCI lui a fait part au mois d'avril 2008 de son intention de la déclasser et de la rétrograder au statut «B» pour non-conformité avec les «Principes de Paris». N'ayant pas donné suite aux demandes du Sous-comité, la CNCPPDH a donc perdu son accréditation. De fait, le gouvernement se retrouve dans une position inconfortable de ne pas pouvoir compter sur l'apport «inespéré» d'une ONG des droits de l'homme qui soit crédible et respectée dans les cénacles internationaux. Cela jette forcément de la suspicion que de mettre en ordre de bataille des structures comme celle de Ksentini.