Après des années de bataille et de patience, tous les prisonniers algériens détenus en Libye depuis des années commencent à recouvrer l'un après l'autre leur liberté. «La Libye qui vient de libérer, il y a quelques jours, 26 Algériens détenus à la prison d'El-Jadida, s'apprêtent à relaxer demain ou mardi un second groupe de prisonniers algériens encore retenus dans ce pays», avance le porte-parole du collectif des prisonniers algériens, Abdelkader Gasmi. Ce deuxième groupe, composé d'une vingtaine de prisonniers, devrait transiter par la wilaya d'Annaba à bord d'un avion de la compagnie aérienne Air Algérie. Deux détenus transiteront par l'aéroport international d'Alger où ils devraient rejoindre directement la prison car étant sous le coup d'un mandat d'arrêt lancé par les services de sécurité algériens. Avant-hier, un détenu, malade, a rejoint le pays portant à 27 le nombre d'Algériens qui ont bénéficié de la grâce présidentielle du colonel Kadhafi. Parmi les prisonniers encore détenus figure Amra Zaidi, 53 ans, originaire d'Annaba, qui purge sa peine depuis 1990. Il a été condamné, pour crime avec préméditation, à la perpétuité, au même titre que ses deux complices libyens. Ces deux derniers ont retrouvé leur liberté en 1993 après avoir obtenu le «pardon» du parent de la victime, une procédure largement répandue en Libye et appelée le «droit coutumier». En revanche, le ressortissant algérien, qui a pu bénéficier en 1993 de la grâce du guide libyen, Mouammar Kadhafi, attend toujours sa libération. Selon le représentant des familles de détenus algériens, ce prisonnier n'a reçu, depuis son incarcération à la prison d'El-Jadida, «aucune visite ni celle des ses parents ni encore moins d'un représentant de l'ambassade algérienne à Tripoli». Seul le consul d'Algérie, Menouer Rebaï, lui a «rendu visite» la semaine dernière, ajoute notre interlocuteur. Dix-sept autres prisonniers, accusés de délits divers, attendent leur procès depuis 2003. Les détentions préventives peuvent être longues, et injustifiées. Les jugements sont sans cesse reportés. La politique carcérale libyenne vis-à-vis des Algériens (souvent arrêtés arbitrairement, sans procès-verbal, sans aucune raison valable ou justifiée) laisse à désirer. «Les droits humains y sont souvent bafoués», affirme-t-on. Me Khalafati Madjid, un des avocats en charge de cette affaire, a fait remarquer que les dossiers de certains prisonniers étaient «vides» et qu'ils ne semblaient pas s'appuyer sur des bases légales. Il a blâmé les autorités libyennes qui n'ont pas avisé les officiels algériens de la présence de leurs prisonniers. Un accord conclu au plus haut niveau porte sur le transfert en Algérie de «tous les détenus algériens y compris les huit (8) condamnés à mort». La majorité des détenus ont été poursuivis pour des délits liés au trafic de drogue ou pour des vols.