La possibilité de créer, à l'avenir, en Algérie, des unités de montage de voitures dans le cadre d'un partenariat entre investisseurs algériens et français a été évoquée, mardi dernier à Batna, par l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt. Le diplomate qui ponctuait dans la wilaya des Aurès une tournée qui l'a conduit dans plusieurs wilayas de l'Est du pays a souligné en substance que «cette activité pourrait venir en appoint de celles déjà en cours, liées à la commercialisation et à la formation dans le secteur automobile». Intervenant au cours d'une séance de travail, en présence de concessionnaires locaux représentant des constructeurs automobiles français, le diplomate a affirmé que «l'effort actuellement déployé par l'Algérie en matière de développement des infrastructures de base, notamment le projet de l'autoroute Est-Ouest, encourage l'investissement dans ce domaine». Cette déclaration de l'ambassadeur de France est-elle a prendre au sérieux sachant pertinemment que les constructeurs automobiles français sont réticents voire frileux à venir investir en Algérie. L'épisode de la firme Renault qui a finalement préféré s'exiler au Maroc est bien là pour nous rappeler les atermoiements des décideurs français. Cette firme qui avait un temps opté pour le marché algérien avant de décider unilatéralement et sans fournir la moindre justification de geler le projet en Algérie qui lui avait pourtant offert toutes les garanties nécessaires est assez révélateur du manque de respect qu'ont ces firmes à l'égard des pays en développement qui tentent de capter le savoir-faire et la technologie pour l'instant inaccessible. Or, si l'Algérie a tranché définitivement pour le secteur de l'automobile à travers le montage de véhicules comme option stratégique, elle est bien décidée en revanche à se doter de sa propre industrie automobile très prochainement. C'est le ministre de l'Industrie et de la Promotion des Investissements, Abdelhamid Temmar, qui l'avait annoncé tout récemment. Il avait souligné que l'Algérie «négocie actuellement, pour un partenariat avec un groupe étranger, l'installation d'une usine de construction automobile», sans pour autant donner plus d'explication sur le nom de ce groupe et le type de véhicules qui seront construits localement. On sait que la négociation portera notamment sur le taux de participation du partenaire algérien et le nombre d'emplois. «Les résultats de ces pourparlers seront connus dans les deux à trois mois à venir», avait-il ajouté. A noter que plusieurs noms de constructeurs mondiaux, dont des Français, des Italiens et des Asiatiques circulent à Alger pour la construction d'une telle usine. Temmar avait aussi indiqué que le projet prévoit un taux d'intégration de 15% de composants automobiles fabriqués sur place avant d'arriver à 40% après 5 ans. L'Algérie avait entamé depuis trois ans des contacts avec plusieurs grandes entreprises étrangères afin de trouver un partenaire pour la mise en place d'une entreprise publique d'industrie automobile, notamment le montage de véhicules. Le ministre a expliqué qu'il s'agit d'une entreprise d'Etat pour permettre à l'Algérie de travailler avec ses partenaires étrangers et promouvoir l'industrie automobile. Dans ce contexte, il a ajouté que le partenaire étranger sera le bienvenu même s'il désire construire une unité en Algérie à 100%. Le ministre avait souligné que ce type d'industrie est considéré comme une priorité dans la nouvelle stratégie industrielle. Selon lui, le marché algérien est le deuxième plus grand marché africain après celui de l'Afrique du Sud, avec 91% de concessionnaires étrangers. Il a souligné, aussi, l'existence des sous-traitants qui sont au nombre de 200 considérés comme essentiels pour la réussite d'une telle industrie. Il sera question aussi de la production d'accessoires en partenariat avec un sous-traitant étranger, et de pièces détachées pour lesquelles il y a également des contacts avec deux grandes entreprises européennes. Ces produits sont destinés à l'approvisionnement de l'industrie automobile nationale ou à l'exportation. Pour le ministre, l'Algérie peut accélérer la mise en place d'une industrie automobile, mais l'important c'est de trouver le partenaire étranger le plus fiable afin de garantir le financement et la technologie. Après avoir longtemps hésité entre l'option de la construction et le montage, le gouvernement a donc préféré pencher pour la seconde option. «L'Algérie passera bientôt au montage (de véhicules) dans le cadre de l'industrie mécanique» a révélé Temmar, mettant fin ainsi à une longue parenthèse. Selon le ministre, l'Algérie veut aller ensuite «au-delà du montage pour créer une véritable industrie automobile». Cette nouvelle disposition «ouvrira la voie à d'autres actions dans le cadre de l'industrie automobile». Selon une source du ministère, «le gouvernement se penche sur les différentes possibilités. C'est un choix stratégique qui est engagé sur plusieurs années en termes de modèles de voitures et de partenaires».